Liban-USA / Photographie / Rania Matar / ENTRE LES ZONES, ENTRES LES ÂGES

Transitoire. La vie d’une jeune fille, ses décors, la façon de voir et de se présenter au monde. Transitions. De l’âge, du lieu, des centres d’intérêt, entre l’Amérique et le Liban, entre la maison de maman  et tout ce qui est autour. Rania Matar explore ces zones, expositions multiples, de visages et d’attitudes au travers d’images, de portraits à la fois personnels et « sacralisés », parce que c’est infiniment précieux, chargé de sens, de devenir et de sentiments.

Dans une précédente série, Rania Matar s’est intéressée à ce territoire complexe qu’est une chambre d’adolescente. L’ordre et son contraire, la couleur, le rêve, les contraintes et les actes libérateurs, que mettent-elles dans ce lieux ?  « SHE » photographie ces jeunes filles, à l’étape suivante, entre Baalbek et Miami, dans une forêt d’ici et de là-bas, dans ces positions paisibles, première réponse à ce monde qui est loin de l’être (paisible).  Née et ayant grandi au Liban, puis émigrée aux USA au moment de la guerre civile, Rania Matar oppose à cette folie des images remplies de quiétude. A l’image de cette jeune albinos, sur la plage de Miami Beach, sous un ciel d’orage. Pâleur de la peau, complexité des nuages, extrême fragilité du moment.

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« Je suis une femme, j’étais une fille, j’étais l’une de ces filles sur les photos. Je me reconnais toujours en eux et je m’identifie à chacun d’eux à un niveau très personnel. » Rania Matar

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Son observation déjoue les mécanismes de la violence et de la rupture. Ce qui n’enlève rien à la véracité du récit. Bien au contraire. Les photographies de Rania Matar ne sont jamais réductrices, elles tentent d’englober une réalité plus large, étendue à tout l’espace à construire.

SHE, Rania Matar. Du 19 août  au 26 novembre 2023, Huntsville Museum of Art.
https://hsvmuseum.org/rania-matar-she/
A lire : https://www.catalystinterviews.com/interviews/2020/7/1/rania-matar

« J’étais fasciné de voir mes filles grandir et se transformer pendant la puberté, et finalement naviguer dans l’adolescence. À un moment donné, quand elles ont commencé à vieillir, elles ne m’ont plus laissé les photographier, alors j’ai commencé à photographier d’autres jeunes femmes du même âge que mes filles. Ils inspirent tout mon travail sans en faire directement partie. Mon travail est quelque peu autobiographique en ce sens, car il suit toujours mes filles, alors qu’elles vieillissent et entrent dans différentes phases de leur vie de jeunes femmes. » Rania Matar dans Catalyst Interviews (2020).

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Repères :
Née et élevée au Liban, Rania Matar a déménagé aux États-Unis en 1984. A l’origine, elle fait des études d’architecture à l’Université américaine de Beyrouth et à l’Université Cornell. Son travail photographique a débuté au moment de son passage dans les camps de réfugiés palestiniens.
Elle enseigne aujourd’hui la photographie au Massachusetts College of Art and Design.

SHE est son quatrième livre, après L’Enfant-Femme (2016), « Une fille et sa chambre » (2012) et « Vies ordinaires » (2009).
RC (ZO mag’)

Les images de Rania Matar sont exposées dans des musées du monde entier, notamment le Museum of Fine Arts de Boston, le Carnegie Museum of Art, le National Museum of Women in the Arts…


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