Sénégal / peinture / Baye Ndiaga Diouf, un tableau… / QUEL SINISTRE VISAGE QUE LE NÔTRE !

Quel fichu monde quand même. Quelle sinistre blague ! Le siècle est passé, un autre l’a remplacé et de nouveau, les mêmes massacres abreuvent la terre et font pousser des fleurs en métal. Baye Ndiaga Diouf est un peintre engagé, il le dit lui-même. « Engagé » est un mot qui mérite de l’attention. Il ne s’agit pas ici d’une conscience de pacotille. Baye parle de ce monde qui est le sien, de cette terre sur laquelle il habite, de sa proximité au monde, car il est un citoyen de cette planète. Ce n’est pas un vain mot. Quand il se penche sur cette carte, quand il observe le mouvement des hommes et de leur matériel dérisoire, il le dit de cette façon : « comment ne pas être engagé ? Comment ne pas ressentir de la tristesse, de la colère… Les années passent, les rois s’en vont. D’autres les remplacent. Les idéologies changent… mais c’est une misère identique. En tous points. Le même sang coule dans la même direction

« Le reflet de l’homme » est à l’image d’une parabole. Ce type au-dessus d’un miroir assiste à la mascarade. Dans de nombreuses toiles, figures torturées, victimes du sacrifice, Baye Ndiaga Diouf a représenté la comédie. Celle-ci n’a rien de divin. Elle préfigure et illustre les quartiers de l’enfer, les affrontements les plus démoniaques. Dans ses sonneries retentissent la venue des génocides. A l’arrière de l’Homme, des fils barbelés, des drapeaux qui montrent le nationalisme, et pire encore l’horrible croix qui tourne et tourne, qui hache l’âme et la vie. Gammée.

Comment ne pas être engagé ? continue de dire le peintre, en regardant la profondeur de ce puit, et au fond duquel les images apparaissent. Des ombres, des souvenirs, la vérité et le mensonge, son propre visage, dans le chaos de l’Histoire, dans le charnier et la lumière.

« La mort organisée n’est qu’un spectacle anonyme qui confirme leur seul pouvoir. »Baye Ndiaga Diouf

« Reflet de l’homme ». Acrylique, pigments naturels et pastel sur toile. 1, 38 x 1, 06 m (2022)

Roger Calmé (ZO mag’)
Photo: DR et  Baye Ndiaga Diouf
Contact: https://www.facebook.com/makhtar.diouf.96

A lire aussi : https://zoes.fr/2022/01/12/senegal-peinture-baye-ndiaga-diouf-un-tableau-complices-du-crime/

Repères :
Baye Ndiaga Diouf est né en 1991 à Thiadiaye (Sénégal).
Contre l’avis de ses parents, il a intégré en 2014 les cours du soir de l’école des Beaux-Arts de Dakar (auditeur libre).
Il en est sorti trois ans plus tard et rejoint alors le collectif Agit’Art. Ses premières expositions collectives datent de ce moment.

Expositions (sélection) :
2017 : Laboratoire Alem-Lʼavenir Agitʼart
            Dakar Ville anarchitectural, Sénégal Parcours, Dakar (Sénégal).
2018 : Biennale de Dakar, OFF , Dakar.
2019 : Fesmir, Musée Théodore Monod à l’IFA, Dakar
           10ème Foire Sénégalaise des Arts Visuels, Dakar.
            2ème Foire d’Art Contemporain SégouʼArt, Ségou (Mali).
2020 : Institut Français de Saint Louis (Li Nu Bokk)
            Galerie LgtOnline, Lille (France).
            Exposition GEEW BI, Institut Français, Dakar.
2021 : Collection Black Pearl, Londres (GB)

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