Il se peut que ce soit une carrière ou les bords d’une falaise. Un lieu qui se situe à la limite. Limite du temps, limite de la fonction et de la perception. Il est noyé de brume. C’est à peine si l’on distingue son rivage. Monica de Miranda est devant ce paysage de blocs blancs, des cubes sortis du temps et du brouillard, dans une géométrie qui est celle de la géologie. Des couches de sédiments, des strates qui suggèrent l’immensité figée. Il y a vraiment de quoi se poser des questions. Et de s’interroger notamment sur notre place, dans des décors auxquels nous sommes étrangers. Une part importante de son travail concerne effectivement le déplacement. La destination s’apparente parfois à un verdict.


Dans cette prospection des lieux et des sentiments qui s’y attachent, la photographe ne pose pas vraiment de frontière entre ce qui nous entoure et les émotions produites par le frottement. Cette femme seule est identique à la baigneuse que l’on découvrait, il y a quelques mois, à Venise dans « no longer with the memory but with its future ». Détail « amusant », Facebook avait censuré l’image, pensant qu’il s’agissait d’une apologie de la mort. Une femme flotte dans la laitance, chevelure, tissu, fleurs aquatiques. Le rapport à l’eau est permanent, parce que nous sommes faits d’elle, nous sommes de son temps et de sa décomposition, nous sommes les enfants de l’histoire, dans ce ventre de l’histoire, dans cette baignade amniotique.
Raconter des histoires, qui sont des choses internes et de comprendre à quelles réalités elles se confrontent. Il n’y a aucune violence dans les images de Monica, mais des eaux qui montent, qui recouvrent, des branchages nus, sortis des flots, la brume qui efface et qui recèle.
« Sans croyances ni opinions, nous serions des artistes zombies sans substance. L’art s’apparente à la philosophie en ce sens qu’il réfléchit sur la réalité et son rapport au domaine humain. Il peut faire allusion à un monde spirituel et faire des propositions sur la nature humaine et la manière don’t l’individu interagit avec le monde. Mon travail est indissociable de ma vie, de ma biographie, des géographies de mes affections et de mon interaction avec le monde. » Monica de Miranda (Artdependence magazine, mars 2019)
ArtDependence | The Aestheticized Interview with Monica de Miranda (Portugal/Angola)
RC (ZO mag’)
The Island, du 24 juin au 22 octobre 2022, Autograph, London / UK
monicademiranda.org/path-to-the-stars/
Repères:
Monica de Miranda est née en 1976 à Porto (Portugal). Elle vit actuellement à Lisbonne, au Portugal. Elle a obtenu son doctorat en arts visuels à l’Université de Middlesex (2014), après avoir obtenu une maîtrise en art et éducation à l’UCL Institute of Education London.
Expositions personnelles (sélection):
2018: Panorama , en association avec Gallery « This Is Not a White Cube » (TINAWC), Banco Económico Gallery, Luanda, Angola.
Demain est un autre jour , Galerie Carlos Carvalho, Lisbonne, Portugal.
Transfert , Académie des Beaux-Arts (ABA) Kinshasa, République démocratique du Congo.
2017: Atlantique – Voyage au centre de la terre , Sabrina Amrani, Madrid, Espagne.
PANORAMA, Tyburn Gallery, Londres (GB).
2016: Arrivées et départs , Palácio D. Manuel, Évora, Portugal.
2015: Hôtel Globe , Musée National d’Art Contemporain du Chiado, Lisbonne.
2014: Archipel , Galerie Carlos Carvalho, Lisbonne.
2013: L’Érosion , Appleton Square, Lisbonne.
2012: Un océan entre nous , Revolver Platform, Lisbonne.
2008: Nouvelles géographies , 198 Gallery, Londres.
Nouvelles géographies , Revolver Platform, Lisbonne.
Nouvelles géographies , Image HF, Amsterdam, Pays-Bas.
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