Il n’y a aucune frontière entre nous et le monde. Tout est continuité, pense et peint Isabelle Annick Dossa Bulczynski. La matière et le vivant sont constitués de façon identique. Ils diffusent en permanence des messages nés de leur propre recyclage. Nous sommes tous (matière ou humain) des constructions recyclées, par la matière et par le sens. Et c’est de cela que l’artiste franco-béninoise parle dans son travail. Corps composites, hybridation, oxydations signifiantes : tout est message.
En 2017, Isabelle a commencé ce travail d’observation et de réflexion. Tout d’abord le métal dans cette corrosion qui génère, puis par le collage, d’autres éléments qui viennent en symbiose, le wax, le raphia, de la terre, et la main qui voyage dans cette chair vivante et féconde. Les tableaux parlent de cet enfantement contigu. Les références sont permanentes à la mater, qui est matrice et matière.
De nombreuses créatrices poursuivent ces recherches à la fois plasticiennes, mais aussi poétiques et politiques, dans une perspective d’engager l’art et la vie différemment. Venise dernièrement s’en est faite l’écho. Elles viennent de partout, africaines ou autres, humaines, qui optent pour une perception mutante de l’humanité, infinie. L’anthropocentrisme n’a plus de raison d’être ? Cette domination n’a aucun sens. Une plaque métallique nous dit de façon émotionnelle ce qu’elle est, à l’image de ce que nous ignorons de nous-mêmes, un instant qui suit et qui précède dans la (dé) composition). Un tableau qui renaît.
« Le métal est une invitation dans un espace où le passé, le présent et le futur se confondent. Chaque goutte d’humidité lui offre une possibilité de se muer en autre chose et offrir des messages imprévisibles. Par ces formes, je me relie à moi-même et au monde. Se relier, trouver des passerelles entre les hommes. Recréer un espace neutre où la vie pourrait renaître, apaisée et harmonieuse. » Isabelle Annick Dossa Bulczynski
Autour du bol, galerie Villa des arts, Off 14ème Biennale de Dakar. Vernissage 25 mai, Villa N11, fort Hann Maristes, passage Déguène Chimère.
Roger Calmé (ZO mag’)
Photo : © Isabelle Annick Dossa Bulczynski
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