Les livres ont occupé une place particulière dans le parcours d’Alban Marissal. A une époque, la plus ancienne, il chinait sur les marchés flamands à la recherche de ces ouvrages illustrés. De comprendre la langue dans laquelle ils étaient écrits, était sans réelle importance. Ce qui l’intéressait, tenait à la qualité du papier, au dialogue entre le dessin et la danse écrite, au fait que ces deux pensées appartenaient à un temps oublié aussi. Qui se souvient de ces livres et de ceux qui les ont tenus ?

« Un livre, dit-il, est un lieu de rencontre. Il est dépositaire de beaucoup de langues, de nombreux dialogues se nouent à l’intérieur. En fait les voix ne s’éteignent jamais … » Il montre alors des feuilles, tirées d’un livre arménien. Sur le papier jaunis, des femmes stylisées, leur visages pareils à des totems fangs (Afrique centrale, Gabon). Ce trait est de la plus grande précision et se retrouve d’oeuvre en oeuvre sous une forme très similaire. Et pourtant, l’histoire est sans cesse différente.
… et la main reprend le pinceau, plonge dans l’encre et dans l’huile, remonte aux temps premiers de l’histoire.
Alban Marissal est plasticien. Une part importante de son travail vient de sa sculpture en maille métallique, qui a l’image de son trait, revêt une hallucinante précision. Mais cette partie dessinée est singulière, d’une autre nature, parce qu’elle plonge dans un temps complexe. Un chevauchement de racines la nourrit, une abondance de liens entretiennent sa lumière. Il est deux heures du matin, dans la plaine de Marrakech. La nuit est silencieuse, et la main reprend le pinceau, plonge dans l’encre et dans l’huile, remonte aux temps premiers de l’histoire.


« En 2019, je traversais un moment difficile, et je n’avais quasiment plus rien pour travailler. A peine un tube d’huile blanche, de la cendre et du café. Et puis ce livre arménien. » Il s’agit d’un livre ancien, sans doute pour les petits enfants. A côté, de la même époque, et né du même besoin, un ouvrage en hébreu, imprimé en 1947, dont il va peindre les pages. Des milliers de pages, chaque nuit, comme une petite bougie juive qui jamais ne s’éteint.
C’est dans cette maison que le Livre continue d’exister. Peu importe la langue dans lequel il est écrit. Une femme apparaît qui dit, d’un dessin à l’autre, ses attentes, ses amours, la beauté du matin, et le trouble de la nuit. C’est exactement la même femme, écrite et peinte d’une identique manière, mais la différence est cachée dans le texte. Ou alors, s’agit-il d’une part invisible écrite dans un alphabet oublié. Là encore, l’écriture et la peinture naviguent sur une eau similaire, un temps identique et humain. Universel.
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RC (ZO mag’)
Photos: by courtesy Alban Marissal
Contact artiste: 00 212 611 511 286
Mail: albanmarissal@gmail.com
Repères:
Alban Marissal, Artiste flamand est né en 1976, à Roubaix (France).
Il s’est installé au Maroc en 2007.
Sélection d’expositions
2021: « On the Moon », Mövenpick Mansour Eddahbi
2020: « Ashes Memories XIX » Riad Angsana dar si Said, old medina de Marrakech.
2019: METAMORPHOSE
2017/2018: exposition Abla Ababou gallery, Rabat.
2016: Articule
2015: Face’s collexion, galerie Mezz’art, Marrakech.
2014, exposition chez Anna Kaona à Casablanca,
Mazagan, à , pendant la « Metropolitan fashion week », El Jadida (Maroc).
2009/2011: exposition permanente en partenariat avec la galerie d’Art DESIGN and COOK à Sidi Ghanem (Maroc),
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