Il a dû se passer une chose grave. Un évènement qui détruit la confiance en soi et dans ce qui vous entoure. Ensuite, on voudrait ne plus rien sentir. Rester la figure dans ses mains et que personne ne voit votre visage. Nous ne lui poserons aucune question. De savoir ce qui est arrivé et dans quelle circonstance… Elle ne dira rien.
Le tableau date de deux ans. À cette époque déjà, Kesa Babakunde s’intéresse principalement à deux choses qui sont le chaos de l’émotion et l’effet que cette secousse a sur la couleur. Donc la façon qu’elle vient dans la toile. Forcément, il arrive que ce soit d’une grande violence, que la chair soit en souffrance et l’huile dans le même bouleversement. On s’attendrait donc à ce que le peintre traduise ainsi, par le déchirement. Et bien ce n’est pas le cas.

Souvent, Kesa Babakunde accompagne son tableau d’un commentaire, d’une citation empruntée à un écrivain, parfois d’une invitation apaisante. Son principal sujet d’inspiration demeure l’interrogation face à l’existence, à tous les âges et dans des situations très différentes, comme l’inévitable confrontation au temps (séries actuelles).
Cette fois, il ne dit rien. La lumière inonde la pièce. Elle est en elle-même une forme de réconfort. La jeune fille est assise sur le sol. Des ombres violettes, en aplats horizontaux, accentuent l’impression d’une clarté réparatrice. Sans doute qu’il faut juste laisser passer du temps et que ce temps permette aux mots de revenir.

« Victim », huile sur toile, 61cm × 61cm (2018)
RC (ZO mag’)
Photos: DR et K. Babatunde
Contact:
https://www.facebook.com/Kesa-Babatunde-2173268646047419/
Repères
Né à Lagos le 20 janvier 1987, Babatunde Kesa est diplômé de l’École polytechnique fédérale d’Auchi (spécialité en peinture, 2014).
Une quarantaine d’expositions (collectives et individuelles) l’ont déjà présenté, entre autres la Nike Art Gallery (Nigéria), Alexis Galleries (Nigéria), Nimbus Gallery (Nigéria) et Impart Artists Fair (Nigéria),
Babatunde vit et travaille à Lagos (Nigeria).
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