Burkina Faso / Sculpture / Jumeaux Ouattara / LES CHOSES A RACONTER

« Il y a autant de masques, que d’histoires. Chaque masque nous raconte une histoire ». En 2012, aux antipodes de la planète, Sophie Testa rencontre les frères Ouattara. Ils sont jumeaux et sculpteurs. Dans la tradition, le jumeau est protecteur, il est le double qui veille, l’indispensable compagnon de vie. Ousseni et Assane se lient d’une profonde amitié pour cette créatrice venue d’une autre histoire. Ils lui racontent que les masques sont religion et quotidien, dans ce va-et-vient permanent qui va du ciel à la terre.

Est-ce un masque et en même temps une intersection, qui dit la nature et l’emploi, qui dit la place ancienne et celle qui viendra.

Depuis plusieurs années, Ousseni et Assane ont conduit un travail étonnant qui emprunte au sacré, tout en demeurant dans le voisinage du vivant. Les esprits et les humains ont tant de choses à se dire. A commencer par l’histoire. Dans cette immense savane, la mémoire est essentielle. Autant que le point d’eau ou l’emplacement de la pâture.

« 𝘓𝘦𝘴 𝘮𝘢𝘴𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘥𝘰𝘤𝘶𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘳𝘦𝘯𝘧𝘦𝘳𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘦́ 𝘦𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘴𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘯𝘰𝘴 𝘱𝘦𝘶𝘱𝘭𝘦𝘴, expliquent-ils. 𝘜𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘢𝘪𝘭 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘪𝘴𝘵𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘳𝘦𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘦𝘴 𝘥’𝘪𝘯𝘧𝘰𝘳𝘮𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘴𝘺𝘮𝘣𝘰𝘭𝘪𝘲𝘶𝘦. 𝘓𝘦 𝘮𝘢𝘴𝘲𝘶𝘦, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘭𝘦𝘴 𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘰𝘣𝘫𝘦𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘢𝘶𝘵𝘰𝘶𝘳 𝘥𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴, 𝘦𝘵 𝘲𝘶𝘪 𝘰𝘯𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘧𝘰𝘯𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘲𝘶𝘰𝘵𝘪𝘥𝘪𝘦𝘯𝘯𝘦, 𝘤𝘩𝘢𝘳𝘨𝘦́𝘦 𝘥𝘦 𝘴𝘦𝘯𝘴. 𝘚𝘪 𝘣𝘪𝘦𝘯 𝘲𝘶𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘵𝘳𝘢𝘥𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯, 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘦𝘯 𝘴𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘷𝘦𝘯𝘶𝘴 𝘢̀ 𝘤𝘳𝘦́𝘦𝘳 𝘯𝘰𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘱𝘳𝘦𝘴 𝘪𝘮𝘢𝘨𝘦𝘴. » Le masque sort alors de sa fonction religieuse, il se paye quelques libertés. Il raconte.

Les masques des jumeaux Ouattara sont d’étonnantes fenêtres ouvertes entre nos mondes. Dans ses carnets de croquis, Sophie Testa en a relevé par dizaines qui disent ces reliefs journaliers, le chagrin et la cocasserie, le sentiment tendre et la nécessaire réconciliation. Ousseni et Assane ont cette qualité de rendre leur art totalement contemporain. Et les associations de matériaux sont à cette image. La résistance thermique est associée à la fécondité et la jante de couleur jaune incite au partage. Rien n’est gratuit dans cette sculpture, profondément liée aux symboles.

Quant au fait que les deux frères soient jumeaux, leur création y puise une eau quasi intarissable. L’un et l’autre le considèrent « 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘯𝘤𝘦. 𝘋𝘦 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘢𝘪𝘭𝘭𝘦𝘳 𝘦𝘯𝘴𝘦𝘮𝘣𝘭𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴, 𝘥𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘥𝘶𝘪𝘳𝘦 𝘯𝘰𝘴 𝘪𝘥𝘦́𝘦𝘴, 𝘥𝘦 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘤𝘶𝘭𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘪𝘯𝘶𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘥𝘦 𝘷𝘪𝘷𝘳𝘦. » Le mois de janvier leur est donc doublement précieux. Parce que c’est un mois magique et qu’il ouvre aussi le festival « Art Dougou ». En langue dioula, la « 𝘊𝘪𝘵𝘦́ 𝘥𝘦𝘴 𝘢𝘳𝘵𝘴 », un lieu rempli d’esprits et de mots utiles, qui joue sur tous les médiums, le numérique autant que la roue de bicyclette. Carrément magique !

« 𝘓𝘦𝘴 𝘮𝘢𝘴𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘥𝘰𝘤𝘶𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘳𝘦𝘯𝘧𝘦𝘳𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘦́ 𝘦𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘴𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘯𝘰𝘴 𝘱𝘦𝘶𝘱𝘭𝘦𝘴. 𝘜𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘢𝘪𝘭 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘪𝘴𝘵𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘳𝘦𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘦𝘴 𝘥’𝘪𝘯𝘧𝘰𝘳𝘮𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘴𝘺𝘮𝘣𝘰𝘭𝘪𝘲𝘶𝘦. 𝘓𝘦 𝘮𝘢𝘴𝘲𝘶𝘦, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘭𝘦𝘴 𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘰𝘣𝘫𝘦𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘢𝘶𝘵𝘰𝘶𝘳 𝘥𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴, 𝘦𝘵 𝘲𝘶𝘪 𝘰𝘯𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘧𝘰𝘯𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘲𝘶𝘰𝘵𝘪𝘥𝘪𝘦𝘯𝘯𝘦, 𝘤𝘩𝘢𝘳𝘨𝘦́𝘦 𝘥𝘦 𝘴𝘦𝘯𝘴. 𝘚𝘪 𝘣𝘪𝘦𝘯 𝘲𝘶𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘵𝘳𝘢𝘥𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯, 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘦𝘯 𝘴𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘷𝘦𝘯𝘶𝘴 𝘢̀ 𝘤𝘳𝘦́𝘦𝘳 𝘯𝘰𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘱𝘳𝘦𝘴 𝘪𝘮𝘢𝘨𝘦𝘴. « 

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Art’Dougou, du 27 janvier au 02 Février 2021, « Création contemporaine et numérique pour la revalorisation de la culture Burkinabè ». Association Teryuma, avec le soutien de l’Institut français à Bobo-Dioulasso.

Roger Calmé (ZO mag’)

Photos : © Jumeaux Ouattara

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