Le titre de son principal ouvrage suggère d’une certaine façon la part que Ralph Ellison pouvait attribuer à la photographie. « Invisible Man » ne parle-t-il pas de cette condition noire américaine et de la marginalité dans laquelle un jeune homme du sud est confronté ? Le livre lui a valu en 1953 le National Book Award. L’auteur dépeint donc de multiples façons cette exclusion, au-travers de ses nouvelles, des essais… et des images qu’il capte autour de lui. Ellison était un ami de Richard Wright et s’il n’a pas adhéré au Parti communiste, il gravite dans son orbite et en épouse nombre de ses thèses.
D’une certaine façon, la photographie accompagne son travail d’écriture. Elle lui sert dans la rédaction de ses articles et de ses nouvelles à brosser ses personnages et leur donner leur densité. Mais par la suite, Ralph Ellison lui donne une place plus intime. L’auteur se sert alors d’un Polaroïd et prend des images de son appartement. Pensant de nombreuses années, Ellison a travaillé à la rédaction d’un second ouvrage. Il est possible que ce travail l’ait beaucoup éprouvé. D’ailleurs ? il restera inachevé. La photographie pouvait alors tenir un rôle apaisant. Il écrivait à ce sujet à son ami Albert Murray, en 1956 : « Tu me connais, je dois avoir quelque chose entre moi et la réalité quand je m’en occupe le plus intensément. »
la photographie accompagne son travail d’écriture. Elle lui sert dans la rédaction de ses articles et de ses nouvelles à brosser ses personnages et leur donner leur densité.
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Le livre ici publié évoque ce rapport à l’image, dans une Amérique qui s’achemine vers les années de l’affrontement. Mais elle renseigne aussi sur ce rapport plus intime et très révélateur de la zone de repli, d’étude, d’attention douloureuse, dans laquelle l’écriture se nourrit. Ellison est un auteur attentif, pour qui le mot est un acte difficile, toujours porteur de sens. La photo n’est pas innocente, mais elle nait plus aisément. De l’abrasion littéraire, l’aura-t-elle apaisé ?
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RC (ZO mag’)
Photos R. Ellison.
L’image du titre est de Gordon Parks (Life magazine, 1952)
Ralph Ellison : Photographer, texte d’Adam Bradley, 240 pages, 132 photos, 60,00 $ US / 58,00 €
Editions Seidl
https://steidl.de/Books/Photographer-0319354858.html
zoes.fr 
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