Maroc / peinture / Chaimaa Mellouki / DANS LA MATIERE ET DANS L’ECRAN

On se pose souvent cette question de savoir quel est le chemin que l’œuvre prend avant d’aboutir. Le carnet de croquis, les esquisses au crayon, les hypothèses de couleurs et de mouvements sont nécessaires à cette fabrication. Et si la technologie s’en mêle, que peut-elle apporter ? La finesse de l’outil est devenue telle que la   liberté devient alors (presque) totale. L’atelier de Chaïmaa Mellouki est de cette génération. Les photographes sont nombreux qui abandonnent le boitier traditionnel pour un téléphone. La définition et la qualité de l’optique donnent des résultats satisfaisants. Un designer togolais, Kossi Homawoo, évoque de la même façon son travail sur ordinateur pour la conception de ses luminaires et de ses tableaux. Pour la peintre marocaine, il s’agit d’une appli (gratuite) et d’un IPhone. Le programme s’appelle « IArtbook » et lui offre toute une palette d’outils, un nuancier quasiment infini, et une remarquable souplesse d’utilisation. Mais là n’est pas l’essentiel. La question est de savoir comment la peintre l’utilise et à quelles fins.

« Les possibilités sont multiples. C’est vrai que je peux travailler dans la perspective d’un tableau. On peut donc dire qu’il fonctionner de la même façon qu’un carnet. Je fais des essais qui ont trait au geste. Ou bien des associations de couleurs que je n’avais pas abouties sur la toile ou le papier. Mais ce n’est pas toujours dans cette perspective. La grande liberté de cette peinture virtuelle me permet d’aller très loin et parfois aussi d’aboutir un travail. », explique-t-elle. La toile devient tout à fait cohérente, porteuse de sens, elle peut être conservée telle qu’elle et Chaïmaa d’envisager alors une possible impression. Récemment, elle a ainsi débuté plusieurs séries, dont des abstractions pâles, qui utilisent de larges coups de brosse et jouent sur de réelles transparences. Sa production est importante et elle répond pleinement à son besoin de peindre. « Je suis dans un moment où mes peintures vont rapidement, et où le geste est déterminant. Donc je vois très bien cet écran comme une liberté plus importante encore, une possibilité de découverte hors le cadre strict de l’atelier. » fait-elle comme constat.

La toile ou l’écran, sur des cheminements parallèles et convergents. Sans limitation de lieu, de vitesse et de matière.

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Mais elle reste très lucide sur cette adéquation et les limites qu’elles peuvent aussi révéler. A un autre moment, dans son processus de création, viendra le ralentissement, le besoin de travailler dans la matière, ce que l’huile autorise, plus que l’acrylique et une technologie du virtuel. Elle parle déjà de ce rapport « physique » à la couleur, à sa possible métamorphose, soumise à la fois au séchage et à la réflexion. Le téléphone se trouve simplement, à un instant, dans un geste et un besoin. Le dialogue avec la toile peut emprunter ce chemin parallèle, sans rien empêcher d’autre, bien au contraire. Juste un instant satisfaisant, de liberté et d’envie, dont la peinture profite tout entière, qu’elle soit virtuelle ou réelle.

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RC (ZO mag’)
Photos : © Chaimaa Mellouki
Contact : https://melloukichaimaa.com/

Instagram: https://www.instagram.com/mellouki_chaimaa_art/
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Repères 
Chaimaa Mellouki est née en 1983, à Nanterre (France).
Elle est licencée de droit Erin,  master en criminologie. A suivi des cours d’arts plastiques au Museum of Modern Art (MOMA) de New York, à l’Université de Florence (Italie) et à l’université de New York (USA) (source Espace Rivages).

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