Ceci n’est pas un masque. Pas plus qu’une photographie de masque. Une pensée tranquille le traverse. Elle est un son qui n’a pas de nom, un déplacement invisible. Quand elle a débuté cette série, Daja Dorosario parlait « de dire ce que la magie a de nécessaire. Elle est en nous et à l’extérieur, elle nous prolonge, nous absout, elle va entre nous. Je crois dans ce flux, comme on croit dans un fleuve, parce qu’il nous donne tellement. » Ses œuvres sont toutes entières dans cette possibilité. A l’image des tableaux vaudou, des incarnations africaines et des songes caribéens, son travail parle de la dimension cosmique, incluse dans la plus petite particule. Il n’y a aucun mot qui traduise cette dimension. Seuls les masques la rendent compréhensible. Ils sont une possibilité de (se) comprendre dans l’identité passagère de celui qui la porte au moment de croiser l’esprit.
De la même façon qu’elle a fabriqué ses images précédentes, Daja associe intimement au masque les matériaux oniriques, issus de ce même milieu qui est l’océan. Daja est africaine. Elle marche le long de cette baie, à l’intersection des deux mondes. Le masque est ancien et sa matière contemporaine. Ce ne sont pas les épines du porc-épic mais des serre-joints d’une blancheur d’ivoire, et une corde noire, tressée comme une natte ou le corps statufié du Serpent. N’hésitez pas, mettez une majuscule ! Dans cette composition d’une simplicité parfaite, le plastique et le raphia s’associent intimement, parce que le temps est un fluide unique et composite. Il porte en lui les contraires qui sont la source même de l’harmonie.


Ils sont une possibilité de (se) comprendre dans l’identité passagère de celui qui la porte au moment de croiser l’esprit.
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Aucune crainte dans ce travail spirituel, parce que la vie échappe à ces angoisses minuscules. De quoi Daja Dorosario pourrait-elle avoir peur ? Ces incantations articulent une vision réconciliée. De sa difficulté à vivre l’Occident, de cette absence d’images acceptables, la plasticienne est définitivement guérie. La peur n’appartient plus à son vocabulaire. Les masques sont anciens et leurs mots sont modernes. Ils sont innombrables et protecteurs, ils sourient aux nuages humains et à la terre batracienne.
« La magie me permet d’explorer les dimensions cosmiques et mystiques, révélant ainsi une compréhension profonde qui transcende les mots. Les masques en font partie, et d’autres formes artistiques aussi. » Daja Dorosario
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RC (ZO mag’)
Photos: Daja Dorosario
A voir: https://www.dajadorosario.com/
isabelle_legares@yahoo.fr
A lire aussi : https://zoes.fr/2022/10/21/cap-vert-france-photographie-daja-do-rosario-sur-cette-terre-blanche-ma-peau-noire/
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Magnifique 😍
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