Maroc / peinture / Rachid Rafik / CE CHEMIN AU-TRAVERS DES PIERRES

L’existence d’un peintre n’est jamais facile. En cela, elle ressemble à celle du petit cheval. Le chemin est inondé d’un soleil blanc. La poussière brûlante étourdit l’esprit. Cet animal merveilleux, chargé de fagots, de sacs, d’hommes cruels accompagne le paysan vers le champ… Rachid Rafik a commencé de le représenter, au moment d’une rencontre. C’était il y a quelques années, dans son atelier. La visiteuse lui avait demandé « refuge », de pouvoir s’arrêter et peindre. Puis elle a disparu. Mais l’ animal est resté, dans cet enclos de l’esprit. C’est une bête douce et solaire.

Dans nombre de ses œuvres, Rachid l’accompagne. Il est debout, il est assis, il partage son temps avec une femme merveilleuse qui est devenue son épouse. Un jour, ils se marient. La lumière est vaste, comme le serait cette montagne de l’Atlas, sous un ciel rempli d’or et d’oiseaux. Les silhouettes, dans le dénuement des lignes, patientent et parfois s’enivrent de ce présent. Le vin est là, dans des bouteilles fraîches, ramenées d’un lointain voyage. Parfois, le tableau s’obscurcit. Les préoccupations l’habitent. La main note des éléments dont il convient de se souvenir. La liste des commissions, l’achat d’un tube clair, la lettre écrite à un oncle qui est malade, allongé sur un lit de paille et qu’un cheval veille.

« Un matin, je suis dans l’atelier, et je travaille sur un tableau, quand j’entends frapper à la porte. Une femme se trouve là et me demande d’entrer pour voir ma peinture. Elle s’assoit, elle observe, elle ne dit presque rien, puis elle me demande du papier et se met aussi à peindre. » Rachid Rafik

et le cheval regarde la main remplie de foin, qui s’approche et le caresse.

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Voilà, dans ce paysage si proche de l’abstraction, la toile protège comme celle de la khaima, la tente nomade. La toile est histoire de terre et de ciel, mais elle reste aussi un récit d’humanité. Il n’y a pas de mythologie cachée que celle des hommes en chemin, qui marchent et qui s’assoient, dans l’ombre du mur, dans l’ombre de l’air. La route est longue, et le cheval regarde la main remplie de foin, qui s’approche et le caresse. Trois toiles de lumière sur le chemin qui va et que le cheval retient.

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RC (ZO mag’)
Photos : © Rachid Rafik
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2 commentaires sur “Maroc / peinture / Rachid Rafik / CE CHEMIN AU-TRAVERS DES PIERRES

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