Ce qui est à l’intérieur. Comme une fenêtre depuis la rue, par-dessus le trottoir. L’inondation de la lumière et l’ombre qui coupe des pans entiers. L’intérieur de la maison et l’extérieur, les corps immobiles et ceux qui sont en mouvement. Ilyass Baha n’arrête pas de faire ce chemin. Dans ses conversations photographiques, il confie que le monde est dans ce face à face. Et comme il parle peu, ses images poursuivent la phrase. C’était le cas des rencontres de Marrakech où il présentait une série intitulée « Entourages ». Le titre est dans l’image, par l’enfermement qu’il impose aux personnages. Des lignes verticales, des mots orientés, des passages obligés. L’enfermement est au dehors et au-dedans. La rue nous donne à voir ce qui est à l’intérieur de nous, de solitude et de contrainte.
Dans cette attention qu’il porte à ces extérieurs urbains, Baha Ilyass pose évidemment la question sociale, mais plus encore existentielle. « Entourages » est à cet égard la plus tranchante. Deux hommes marchent en sens contraire, le long des murs. L’un est de dos, et l’autre de profil. Sur le béton nu, une flèche, un mot qui n’a d’autre sens que l’orientation des lettres. Des pans qui sont des surfaces et des supports, qui tendent l’image dans un placage définitif. C’est à la fois d’une grande lucidité et d’un scepticisme plus corrosif encore, comme de l’acide posé sur la réalité métallique. L’homme de dos est en train de disparaître, happé par le vide qui est un bloc de ciment.
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« Ça va parler de ce qui se passe à l’intérieur de l’humain, ce que ça révèle de nous. » Nos pauvres vies, dans ce monde
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En tournant les pages de son site, il se peut aussi que le photographe accroche d’autres images. En général, les artistes rechignent à parler du travail des autres. C’est ainsi. Ilyass n’est pas de ce genre. A l’occasion des Rencontres d’Arles (sélectionné pour le Off), il croise d’autres regards, des reportages qui sont encore du photojournalisme, comme si ce mot n’englobait que la réalité et n’avait aucun droit à la reconnaissance artistique. Parmi ces gens qu’il rencontre, le jeune photographe marocain évoque Hanna Lenz (Danemark). Cette femme a consacré à une vieille dame de 97 ans, Alsie, un reportage. On enlève les adjectifs. Ça se passe dans un appartement, à Aarhus, où elle vit depuis 58 ans. Ses yeux sont trop fatigués pour lire. La radio est à fond, elle écoute les informations, des heures entières.
Ilyass a longuement cité le texte, parce qu’il parle de la fin d’une vie, dans cette impossibilité que l’on ne devrait pas avoir à subir. Ce sont les photos d’une collègue danoise. C’est la vie d’une vieille femme et ce sera sans doute, autour de ça que son prochain travail va tourner. Il dit : « Ça va parler de ce qui se passe à l’intérieur de l’humain, ce que ça révèle de nous. » Nos pauvres vies, dans ce monde qui est un pauvre monde, de colère et de tristesse.
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Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : © Baha Ilyass
Contact : ilyassbaha99@gmail.com
Facebook : https://www.facebook.com/ilyass.baha.95?mibextid=LQQJ4d
Repères
Baha Ilyass est né en 1995. Il est diplômé de technique, gestion de projet BTP.
Expositions et sélections
2023 – Résidence artistique /Al Maqam – Tahannaout, Maroc.
(A venir) Exposition collective avec la jeune artiste Nawal Baazi et l’artiste Mohamed Almorabti. Galerie DS automobile, Maroc.
2022 : Sélectionné pour les rencontres internationaux de la photographie de Marrakech.
1er prix national de la photographie DS art talents.
Sélectionné pour les projections / Le Off , Rencontres d’Arles, France.
Pour l’exposition je travaille sur la thématique de « Albatin » l’intérieur de l’être humain. J’essaye de faire une présentation de l’humaine dans son propre monde intérieur
zoes.fr 
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