Maroc / photographie / Salima Hamrini / DANS TES BRAS, ATLANTIQUE…

Elle écrit avoir habité cet immeuble, que l’on voit au-travers d’un carré de béton, verticales rouges et bleues passées. Mélancolie. C’est par manque d’amour que l’on meurt, dit-elle.  Salima Hamrini et ses images sont faites de ça.  Lu quelque part un texte (merveilleux) écrit sur sa relation avec sa grand-mère. La série s’intitule :  « It’s lack of love we die from ». De cette absence du sentiment, de ces villes froides, le songe éteint qui grince. Il faut trouver un antidote à ce poison de l’indifférence. La scène se passe à Tanger. Et c’est un peu pour ça qu’elle fait de la photo, pour en révéler autre chose que le trafic et la clandestinité. Pour montrer, « cette source intarissable de beauté. »

Voilà une femme encore, dans une photographie marocaine au pluriel permanent, qui interroge le quotidien et la possibilité du rêve que les choses réelles contiennent. Des rues, parce que c’est ici Salima Hamrini prend sa première respiration, avec un smartphone, le stylo le plus léger, le plus libre aussi d’écrire les lumières tristes et belles d’un jour tangérois. Ses salles de cafés, un soir de coupe du monde, ses rues comme des plans néoréalistes, ces mecs qu’elle croise et qui croisent leur destin, cette comédie violente et austère, c’est déjà un film.

« The Story Behind », commencé en 2019, est de cette matière racontée. Ce carnet l’amène à rencontrer des personnes en quête. Des musiciens, des artistes, des femmes engagées, sa famille, au propre et au figuré, qu’elle écoute poser leurs ombres, leurs envies, la passion d’être. Voilà bien la seule façon d’échapper au ciel sombre. « Je ne savais pas que ce que je prenais en photo s’appelait de la « street photography », confie-t-elle parfois. Effectivement, c’est du cinoche, c’est de la littérature et la vie lui sert de retour à la ligne. Cette image entre autres. Bras ouverts et fermés, deux corps et le rouge de la robe, qui se soutiennent, dans une piaule, dans une pénombre contre la main de l’Atlantique.

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Roger Calmé (ZO mag’)
Photo : © Salima Hamrini
Insta : https://www.instagram.com/salima.hamrini/

A voir et à lire : https://www.instagram.com/_the_story_behind_/