Nous avons en nous différentes façons d’exister. Des choix sont possibles. Différentes manières de (se) voir, de (s’) accepter, de (se) soutenir, quand bien même nos options seraient différentes. La création fonctionne de cette manière et l’existence fait de même. Micha Serraf pose dans son travail ces repères. Ils l’amènent à photographier et rendre compte du monde, dans une diversité qui devient acceptable hors des ghettos. C’est-à-dire de l’exclusion et de la mise en silence. Michel est tout le contraire. Mais il le fait d’une manière fluide, sans excès, sans revendication. La différence est tout simplement une chose « normale », inhérente à la condition humaine.
« Je suis un photographe et artiste zimbabwéen naviguant dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Mon travail se veut à la fois familier, doux et afro-futuriste. Mes images visent également à fonctionner comme une plate-forme d’inclusion envers d’autres personnes de couleur, genderqueer et « autres » identités qui existent, » dit-il. Et ses images viennent ainsi, de la même façon. Il ne cherche pas à justifier, juste de dire que ces personnes appartiennent à ce monde, qu’ils sont porteurs de messages, et qu’aucun de ces mots ou de ces attitudes, ne peut être exclues.

« Je souhaite créer des images qui motivent la croissance, le développement et la création de soi-même. » Micha Serraf
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Micha Serraf est né au Zimbabwe, un pays d’où il a enfui à l’âge de neuf ans, pour trouver refuge en Afrique du sud. Le pays qu’il a quitté et celui dans lequel il grandi, sont des lieux de grande confusion, de violence et d’exclusion. L’Afrique post apartheid se trouvent confrontée à une situation assez compliquée et voit en permanence de nouveaux gouffres se creuser. Micha Serraf va donc explorer ces failles, à commencer par celles liées aux questions de genre et de possible transgression. Être noir(e) et en quête d’une nouvelle identité n’a rien d’évident dans cette nation arc-en-ciel qui supporte toujours aussi l’alternative du mode masculin ou féminin.
Vivre cette réalité en Afrique du sud pourrait être déjà d’y survivre. Les images construites par Serraf et son partenaire non binaire ont un rôle « politique » autant qu’une fonction d’apaisement dans un climat qui demeure très conflictuel, au sein même de la société noire. Apaisement, par la présentation d’une identité festive, délivrée de la claustration, synonyme d’isolement et de rejet. « Je souhaite créer des images qui motivent la croissance, le développement et la création de soi-même. », dit-il en préambule aux expositions qui se succèdent. En tant qu « allié » de l’affirmation queer, ses expositions reçoivent un accueil chaleureux. En 2020, Foam Magazine (Hollande) le retenait comme l’un des 20 meilleurs artistes émergents au monde. Une distinction qui a précédé sa participation à 1.54 (New York et Londres) l’année suivante. Au contraire du titre que sa dernière expo donnait (Impossible things), la portée artistique et « politique » de son travail participe à une possible liberté d’être et de le montrer.
« Je souhaite que mon travail soit vu par tous les jeunes. Surtout ceux qui sont incapables de voir des gens comme eux dans leur environnement personnel en raison (et sans s’y limiter) de la honte, de la tradition, de la religion et des médias. » Micha Serraf
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Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : © Micha Serraf
Insta: https://www.instagram.com/michaserraf/
Repères :
Micha Serraf est né en 1994 au Zimbabwe, avant de venir à neuf ans en Afrique du sud. Il a fréquenté l’Université du Cap et a obtenu son baccalauréat spécialisé en beaux-arts avec une spécialisation en photographie. Vit et travaille à Cape Town.
Expositions (sélection):
2023 : Impossible Things: Œuvres d’Abi Salami et Micha Serraf, Galerie C24 (collective).
2022 : Shifting Narratives – A Pan African Contemporary Photography Exhibition, The Melrose Gallery (collective).
2021 : 1-54 Art Fair New York (USA).
1-54 Art Fair Londres (GB).
Festival de photographie contemporaine inédite d’Amsterdam, Amsterdam.
Exposition personnelle CHIPOKO, Open24Hrs Gallery.
Exposition collective Decade of Change, British Journal of Photography, New York.
2019 : « To Thine Own Self Be True », exposition collective à la Kelvin Corner Gallery.
2018 : “GA MASAITSEWENG” – The Slave Lodge Gallery, Afrique du sud.
VSCO exhibition in London and New York pop up galleries (galeries éphémères).
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