« Je hais et je me méfie de tous les historiens d’art, des experts, des critiques. C’est une bande de parasites qui mangent sur le dos de l’art. Leur travail n’est pas seulement inutile, il est aussi trompeur. Ils ne peuvent rien dire qui soit digne d’être écouté sur l’art ou les artistes ». C’est en ces termes peu flatteurs que Rothko considère la littérature publiée sur le travail. Il attache par contre une très grande importance à ses expositions et entend donner au public les meilleures conditions de l’apprécier.
En 1954, Mark Rothko s’est longuement entretenu avec Katherine Kuh qui organise son accrochage intitulé « Recent Paintings ». Il redoute plus que tout l’effet décoratif que ses toiles d’une couleur saturée risquent de provoquer. La correspondance avec Mme Kuh devait faire état de ces préoccupations. Ils sont d’ailleurs convenus que ces échanges pourraient servir de catalogue à l’exposition. Le souci que l’artiste a de présenter son travail fournissant un réel éclairage sur sa démarche.
Pourtant, au mois de juillet, trois mois avant l’exposition, Mark Rothko se ravise. Il doute que cette littérature soit utile en quoi que ce soit. Bien au contraire. Il dit : « Alors qu’en surface cela peut sembler une chose obligeante et utile à faire, le résultat réel est la paralysie de l’esprit et de l’imagination. » En somme, le spectateur n’a aucun besoin de ces mots, ils ne feraient que de courber son regard et l’éloigner de l’essentiel. Jaune.
N°12, Red and Yellow, huile sur toile, 1954, Mark Rothko
RC (ZO mag’)
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko / Artists Rights Society (ARS), New York.
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