D’un côté sont écrites les lettres du mot « amour » et de l’autre, la haine est marquée au fer rouge. C’est ainsi que le corps du condamné se tient au moment du sacrifice. Love and hate. Lequel peut racheter l’autre ? Lequel absout la faute et rend à la lumière ? L’œuvre de Dieudonné Fokou est dans cette opposition profonde qui écartèle le fer et propose le possible. L’homme n’a pas la capacité de résoudre cette abyssale question de la faute et du pardon. Mais il peut la rendre intelligible. C’est ici son travail, tel que sa sculpture le montre.
Il y a trois ans au moment de Doul’art, Bernard Tounyiel écrivait : « Ayons le courage d’aller affronter notre mémoire à l’exposition qui se tient (…) » A l’image de Freddy Tsimba (RDC) qui assemble les douilles de la mort, Fokou récupère ces projectiles et recompose la vie. Du cuivre, mais aussi des déchets de plastique, des tôles abandonnées, des objets sans nom. « Love » plutôt que mort. Dans ces visages et ces corps ressuscités, la volonté de vivre est inébranlable. La sculpture met à jour la volonté d’être. La destruction ne fait partie d’aucun vocabulaire. A l’image de Tsimba, face à des situations bien réelles, comme le Cameroun les connaît aujourd’hui, Dieudonné oppose l’ouverture, le dialogue, l’absence de mur. Sa sculpture témoigne d’un dépassement. Ces objets dont il se sert participe d’une guérison. Elle est à l’échelle de l’individu, comme de la nation, et plus encore d’un monde malade de ses négations.
Deux visions du monde, deux antagonismes millénaires, et qui aboutissent à une identique raison. Dieudonné Fokou affirme sans répit que l’art peut engager un dialogue apaisant. La faim, le crime, la solitude ne sont pas des principes de vie. D’autres constructions que celle du mur et du cloisonnement sont à imaginer. D’ailleurs les corps métalliques qu’il construit, laissent passer la lumière. Ce sont des corps rapiécés, des corps qui portent mémoire, mais en même temps, la clarté passe au travers. Il faut regarder avec courage ce travail. Le temps du mensonge est terminé.


« 𝘊𝘦𝘳𝘵𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘮𝘦𝘴 œ𝘶𝘷𝘳𝘦𝘴 𝘳𝘦́𝘷𝘦̀𝘭𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘴𝘰𝘶𝘧𝘧𝘳𝘢𝘯𝘤𝘦 𝘩𝘶𝘮𝘢𝘪𝘯𝘦, 𝘭’𝘪𝘯𝘫𝘶𝘴𝘵𝘪𝘤𝘦 𝘴𝘰𝘤𝘪𝘢𝘭𝘦, 𝘭𝘢 𝘮𝘰𝘯𝘥𝘪𝘢𝘭𝘪𝘴𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘦𝘧𝘧𝘳𝘦́𝘯𝘦́𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘶𝘮𝘦́𝘳𝘪𝘴𝘮𝘦… 𝘋’𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘳𝘦𝘴𝘱𝘪𝘳𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘴𝘦́𝘳𝘦́𝘯𝘪𝘵𝘦́, 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘱𝘢𝘳𝘭𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦𝘴𝘴𝘦, 𝘥𝘦 𝘧𝘦́𝘮𝘪𝘯𝘪𝘵𝘦́, 𝘥𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘴𝘦𝘯𝘤𝘦… 𝘌𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘴𝘰𝘶𝘧𝘧𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘷𝘪𝘦 » Dieudonné Fokou.
RC (ZO mag’)
Photo DR et © Dieudonné Fokou
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Repères :
Dieudonné Fokou est né en 1971 à Bamendjou ( Cameroun). Il vit et travaille à Yaoundé.
Actuellement, il est représenté à Paris par la galerie CK (Paris).
Dernières expositions :
2023: Médiathèque F. Mitterand, Dignes-les-Bains, France
2021 : Cour[s] – [d]école – Recrée, exposition de groupe, Galerie Carole Kvasnevski, Paris, France.
Investec Cape Town Art Fair, exposition collective, Galerie C K, Milan, Italie.
THEY ARE WATCHING US – Duo show avec Lindokuhle Khumalo, Galerie C K, Paris.
2020 : Métamorphose, 3D exhibition, Galerie Carole Kvasnevski, Paris.
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