Les objets qui nous entourent doivent remplir une quantité assez incroyable de fonctions. On aurait grand tord de mésestimer l’importance de ces choses qui sont tour à tour fonctionnelles, décoratives, chargées de souvenirs, qui vont d’un bout à l’autre de nous-mêmes, nous racontent, nous oublient. Les objets apaisants, les objets à vocation réparatrice, les petites choses dont Thina Dubes, plasticien sud-africain, entoure ses personnages. Tout le scénario est là, dans la chose dite, peinte, restaurée, dans son langage propre et celui qu’on lui prête. Une simple fleur, dans un vase, posé sur un napperon.
Au fil de ses expériences de plasticien, Thina Dube remonte cette piste très complexe qui aboutit à cet instant d’aujourd’hui, dans une société africaine, en proie à quantité d’incertitude, de violence, d’injustice et de bonne volonté. Il en est un personnage assez représentatif, qui fouille les éléments, sortis de la malle. Elle est là, dans un coin. On l’a oubliée à force de déplacements, mais elle contient des images auxquelles il faudra porter attention.


De même que cette dentelle, sur laquelle ils sont posés, et que l’on voit en abondance dans les maisons sèches et blanches.
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La parenté et la nostalgie sont ainsi des moteurs de recherche. Les éléments qu’elles transportent, éclairent sur l’état de chacun d’entre nous, dans les moments imposés de la représentation. Ce bouquet de fleurs jaunes, sorties d’un tableau européen, largement célébrées à l’autre bout du monde, ont forcément une valeur différente que dans le terroir hollandais. Ce sont des tournesols lumineux, des soleils rapportés, qu’un immense peintre a réalisés (au plus profond du désespoir), mais elles sont aussi en lien direct avec la raison du massacre, de l’anéantissement. De même que cette dentelle, sur laquelle ils sont posés, et que l’on voit en abondance dans les maisons sèches et blanches (voir André Brink). Quel rapport autre, peuvent-elles avoir avec Thina Dube, enfant de la société post-apartheid ?
En parallèle à son travail d’artiste, Thina accompagne des enfants, nés au présent, dans une société qui doit retrouver la raison. Il leur apprend à tenir des pinceaux, à mélanger les couleurs, à inventer un ciel qui soit à la verticale de leur bonheur imaginable. Un ciel rempli d’oiseaux et de soleils pareils à une fleur jaune, un grand tournesol.

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Roger Calmé (ZO mag’)
Photos, by courtesy Thina Dube
website : https://www.artsy.net/artist/thina-dube
A lire aussi : https://zoes.fr/2022/05/05/thina-dube-murailles-de-verre-acces-impossibles-u/
Repères
Né en 1993, Thina est diplômé de l’Université de Johannesburg, titulaire d’un diplôme de troisième cycle en éducation et enseigne à la National School of the Arts. Thina est également art-thérapeute et travaille avec les enfants.
Expositions (sélection)
2022: Investec Cape Town Art Fair, Exposition de groupe, Le Cap (Afrique du sud).
2022: Papier, exposition de groupe, Berman Contemporary, Johannesburg (Afrique du sud).
2020: ARCO Lisboa, online (Portugal).
(Re)construction de The Shadow, avec Tawanda Takura, Guns & Rain, Johannesburg (Afrique du sud).
2019: Guns & Rain, Latitudes Art Fair, Johannesburg.
2018: Guns & Rain, AKAA, Paris.
Talking to Deaf Ears, Exposition de groupe, ABSA Gallery, Johannesburg.
Exposition personnelle, Guns & Rain, Johannesburg.
Résidence, First Floor Gallery, Harare (Zimbabwe).
The Last Harvest, exposition personnelle, Stellenbosch Museum, Le Cap (Af sud).
Exposition de groupe, Toto, Johannesburg.
Exposition de groupe, Eclectica Contemporary, Le Cap.
2017: White Noise, Exposition de groupe, Joburg.
Salon, Exposition de groupe, AVA Gallery, Le Cap.
2016: Reconnect, Exposition de groupe, Galerie Eyethu, Soweto (Afrique du sud).
Guns & Rain, Turbine Art Fair, Johannesburg.
2015: Guns & Rain, Turbine Art Fair, Johannesburg.
Exposition de groupe, en collaboration avec Ka’plan, Constitution Hill, Johannesburg.
2014: 3ème année d’exposition de groupe, FADA Gallery, Université de Johannesburg.
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