Bénin / Peinture-dessin / Eliane Aïsso / DE LA LUMIERE ET DE L’OBSCUR

C’est un langage qui échappe aux mots de l’Occident. L’homme nait dans le Fâ et le Fâ l’accompagne bien au-delà de sa mort. Il est le visible et l’invisible. Il est la phrase prononcée et celle qui sera. Eliane Aïsso invite le Fâ, comme Djissa, (« vendeur de pluie ») l’avait suggéré au roi d’Abomey. Tel qu’il est dit et dansé, tel qu’il est fondu dans le métal et traduit dans les mouvements du vent, le Fâ baigne les rivages Yoruba et Fon à l’égal du grand océan. Un océan de savoir, de protection et de paix que le vodoun transporte.

Il n’existe aucune image arrêtée dans le travail d’Eliane Aïsso. Les visages entrevus sont une hybridation de la photographie et du dessin, de l’ombre et de la lumière, sortie des bouches du vodoun. Présenté en 2019, pour partie à la Biennale de Dakar, « Ati okuku dé imolè » parle de cette contribution de l’obscurité. Il est impossible de dire où celle-ci commence, tant l’aube qui se lève en est le prolongement et le soleil du midi aussi. Mais ici, c’est de l’âme du défunt qu’elle évoque, de celui qui part et de celui qui reste, dans une représentation commune à tous les peuples. Elle l’explique : « Il y a une manière de représenter l’âme du défunt (…). Il n’y a pas de couleur dans cette immortalisation de l’âme. » Les seize tableaux qui composent ces « Invisibles de la termitière » sont donc d’une facture sombre, confluence d’images réelles et de flux noirs, crayonnés, à la poussière de bois, au fusain et à l’acrylique. Ils participent autant d’une recherche magique qu’identitaire.

« Ati okuku dé imolè » parle de cette contribution de l’obscurité. Il est impossible de dire où celle-ci commence, tant l’aube qui se lève en est le prolongement..

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Sur la terre Fon, la termitière est une construction sacrée. Eliane Aïsso permet à ces figures disparues de s’en extraire, dans ce cheminement qu’elles font, entre le visible et ce qui ne l’est pas. Nos yeux doivent chercher dans cette terre dressée le mouvement que dessinent ces corps d’ombre. Réalisés à l’époque du confinement, il se peut aussi que ces dessins soient une issue à nos vies refermées, le moyen d’accéder à la clarté, que le temps d’aujourd’hui nous interdit. La partie invisible n’est pas celle que l’on croit.

RC  (ZO mag’)
Photos : © Eliane Aisso et Charles Placide
A voir sur « les Invisibles de la termitière » sur YouTube :
https://www.youtube.com/watch?v=-V8a7uQY28s

Les oeuvres d’Eliane Aïsso sont également visibles sur la galerie Pépites d’Afrique: https://www.pepitesdafrique.com/

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Repères :
Eliane Aïsso est née en 1989 au Bénin.
Elle est diplômée de l’École Supérieure des Métiers Artistiques (ESMA), avant la poursuite de ses études à l’Université d’Abomey-Calavi (licence et maîtrise en histoire de l’art). Elle a ensuite étudié au Fresnoy – Studio national des arts contemporains-, à Tourcoing (France).

Expositions collectives :
2018 : Sac au dos, Espace Tchif, Cotonou, Bénin.
            Sac au dos, Maison des Cultures Urbaine, Dakar, Sénégal.
            Hommage à Joe OUAKAM, Restaurant Cosmopolitane, Off Biennale, Dakar.
2017 : Je te présente ma ville, Institut Français du Congo, Brazzaville.
            Eliane Aïsso & Charly Dalmeida, Ministère des Affaires Etrangères, Cotonou, Bénin.
            Perspectives FANM7, Togo.
            Les échos de Lobozounkpa #1, Le Centre, Abomey-Calavi , Bénin.
            In my way, Air France, Cotonou.
2015 : Lu Guang, photographe, Espace Kulturforum sud-nord, Cotonou.
           Cénacle expérimental, Institut Français, Cotonou.
           Célébrons l’Afrique et sa diaspora, Maison Rouge, Cotonou. 
           Festival Africain d’Images Virtuelles Artistiques, Bamako / Sikasso / Mopti / Ségou, Mali.
           Journée internationale de la poésie, CCFN, Niamey, Niger.
2014 : Mava Unite, Cotonou, Bénin._
            Résidence Panafricaine des Plasticiens de Parakou, Cotonou.

Expositions personnelles
2018 : Rêves de l’au-delà, Le Centre, Abomey-Calavi.
            Unite, exposition en ligne, RAPLAM.
            Mon parcours, Café des Arts, Cotonou.
            La trajectoire, Campus Numérique Francophone, Cotonou.

Installations :
2019 : Ati okuku dé imolè (De l’invisible au visible)
2020 : La Petite Camisole

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