Congo-Roumanie / plasticienne / Maliza Kiasuwa / (ME)TISSAGES

Pièces rapiécées et rapportées, assemblages de natures, mélanges fluviaux, confluences en tous genres : la nature (humaine) est faite d’amalgames. C’est ainsi que la vie va et les petits bateaux aussi. Dans cette affirmation pleine de bon sens, Maliza Kiasuwa construit son travail depuis l’origine. Elle le rappelle toujours, son enfance est hybride.  Entre deux fleuves, entre mille croyances, orthodoxe ou fétiche, son tissage est profondément métisse. Et de la même façon que la chair, l’œuvre plasticienne passe un fil par-dessus l’autre, le raphia au voisinage du synthétique, l’encre chimique et le pigment végétal, en noces de couleurs et de sens. «Ma mère mettait des icônes orthodoxes dans nos bagages quand nous voyageons, et mon père a emmené quelques masques et statuettes qui ont toujours une charge mystique en Afrique. J’ai produit une série d’icônes (…) revisitées et les arts premiers africains sont très présents dans mon travail. » disait-elle au moment de sa première exposition à Londres ( Galerie Sulger Buel, 2018). Ses tableaux sont le fruit de ces alliances naturelles et jubilatoires. Sur ces pas, passent le multiple.

Sa nouvelle exposition à Lausanne (Foreign Agent) explore ainsi les ambivalences organiques. A l’image de l’éponge, l’une des plus anciennes créatures terrestres, ses formes ouvrent des ventres féconds remplis de toutes les possibilités.  L’éponge absorbe et restitue, elle efface et prolonge, elle absout et recompose le liquide. A cette fin, Maliza Kiasuwa coud le luffa et le polyéthylène, dans une conjugaison très probable de ce que nos chairs contiennent de possibilités. La terre est une digestion lente et inflexible, dont on lit dans la masse minérale les prodigieux hasards.

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Pour la petite histoire, Maliza Kiasuwa rappelle en souriant qu’elle est sans doute la première enfant née d’un mariage entre une Roumaine et un Congolais, une union hautement improbable, mais que Ceausescu, dictateur monolithique, avait autorisée. « Un accident de l’histoire », un débordement heureux, que l’œuvre prolonge indéfiniment en un message de tolérance et de nécessité. C’est ainsi que les terres deviennent fécondes, et sur les berges, ce que le monde garde entre ses mains d’humanité.

« (…) les identités communautaires alimentent les conflits en Afrique et les identités de genre déchirent les sociétés occidentales. Si j’avais un message à faire passer c’est qu’il faut se détendre. On n’est pas ceci ou cela, on est tout ça et si cela ne convient pas libre à chacun de se construire son identité propre. Le métissage est une richesse et un vecteur de paix entre les peuples. » Maliza Kiasuwa

Roger Calmé (ZO mag’)
“Équilibre Instable”, Maliza Kiasuwa, du 4 mars au 6 mai 2023, Foreign Agent, Lausanne (Suisse).
https://www.foreignagent.ch/exhibitions/36-equilibre-instable-a-solo-by-maliza-kiasuwa/overview/


Repères :
Maliza Kiasuwa est née en 1975 à Bucarest. Travaille et vit à Nairobi (Kenya).
Elle est une artiste autodidacte.
A lire aussi : https://lettrescapitales.com/interview-maliza-kiasuwa-lenergie-brute-de-la-nature-et-lesthetique-raffinee-du-createur-font-battre-mon-coeur/

Et dans ZO mag’ : https://zoes.fr/2021/07/08/congo-roumanie-plasticienne-maliza-kiasuwa-sur-les-berges-imaginaires/

Expositions collectives
2014 : Kenya Art Fair.
2015 : Alliance française , collages , Nairobi , Kenya.
2016 : Circle Art Gallery , Nairobi.
2017 : Circle Art Gallery, Nairobi.
2018 : Circle Art Gallery, Nairobi.
            Galerie Sulger Buel Lovell, Londres, Royaume-Uni.
            Milano Dakar&Graphic Art, Milan, Italie.
            Maison de ventes aux enchères « Christie’s », Italie.
            Fondation Obama, Nairobi.
2019 : Galerie d’art Circle, Nairobi.
            Fondation Heinrich Boël , Nairobi.
           Musée national du Kenya, Nairobi.
2020 : AFRI Art Gallery, Kampala, Ouganda.
2021 : Agence d’art Circle, Nairobi.
            Exposition collective à la galerie Foreign Agent, Lausanne, Suisse.

Expositions personnelles
2014 : Kenya Arts, Nairobi.
2016 : State house , Nairobi.
2017 : United Nations Recreations Gallery, Nairobi.
            Galerie CCCM, Genève , Suisse.
            Galerie Kohler, Genève.
2019 : Alliance Française, Nairobi.
2020 : ARTSY, Circle art Gallery, Nairobi.
2021 : Galerie d’art Morton Fine, Washington, États-Unis.
            « La fierté des origines »,  Exposition personnelle à la Sulger Buel Gallery, Londres, Royaume-Uni.
2021 : Biennale du Congo, Kinshasa, R.D.C.

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