Hollande / Peinture / Carla Emmink / UN MATIN, SUR LE BORD DE CE CIEL

Entrer dans une peinture de Carla Emmink peut s’apparenter à ce geste simple, qui est d’ouvrir une fenêtre. Quelques instants plus tôt, la pièce sent le renfermé. A présent, la lumière l’inonde. Il est même possible qu’on entende de la musique. L’intitulé des toiles qui mentionnent en abondance la joie, le partage, la venue de l’été et les solaires turquoises, confirme cette impression. Carla Emmink célèbre un bonheur consenti, que rien ne saurait empêcher. Et si le couple est au féminin, saphique et rayonnant, il demeure un sérieux antidote à la grisaille moralisante. On vous le disait : cette peinture est un grand bol d’air.

Bref, la première impression est celle du plaisir et des cérémonies qu’il suscite. Mais pas seulement. La peintre hollandaise l’explique très clairement. Cette figuration est aussi une façon de dire ce qu’a été son éducation, le poids exercé par la morale et la rigidité catholique. Mais elle ne va pas plus loin. Ni sur l’église qu’elle a fréquentée, ni sur l’autorité parentale dans laquelle elle a grandi. Tout juste que ces deux mondes cohabitent, dans une contradiction permanente. Carla peint donc l’anathème, le blasphème, la Divine comédie, l’enfer qui va s’ouvrir et la joie merveilleuse de la maternité. Parce que tout est possible. Parce que la liberté est une terre claire et ouverte, sombre et fermée, dont il est impossible de se détourner.

« Et là, vous voyez dans des couleurs sombres l’église, mon père – qui était organiste – derrière l’orgue, des gens avec des chapeaux noirs et entre les deux, je suis assise comme une fille de seize ans. Une jeune fille, amoureuse pour la première fois, mais elle ne peut aller nulle part. » Carla Emmink

Un instant, on songe aux peintures d’Amaryllis DeJesus Moleski (Porto-Rico) ou encore aux couples lumineux que Sola Olulode (Nigeria) pose autour d’une table, d’un baiser, le long d’une rivière. Malgré l’aspect cérémonial qui pèse sur ses scènes, Carla Emmink garde une volonté de légèreté, une capacité d’empathie, d’un farouche optimisme. Rien ne vient obscurcir sa palette, malgré la volonté de l’ordre établi, l’épaisseur des murs et la voix tonnante du prêtre.

Tout juste que ces deux mondes cohabitent, dans une contradiction permanente. Carla peint donc l’anathème, le blasphème, la Divine comédie, l’enfer qui va s’ouvrir et la joie merveilleuse de la maternité.

Deux mondes inconciliables.  Depuis la fin de ses études où elle a travaillé comme illustratrice dans des revues LGTB (Side by Side), à son travail actuel d’atelier, elle avoue cette difficulté. « De mon éducation chrétienne stricte, je cherche toujours le lien entre ma foi, mon église et mon homosexualité. D’une part, la foi et l’église – parce que j’y ai grandi – sont mon refuge. Par contre, je ne peux plus appartenir à cette ancienne communauté parce que je suis lesbienne. » Ce sont ces images qui remontent en permanence, ce sont ces toiles qui évoquent le « dernier repas » et le prêche du prêtre et l’enfant entre les bras. Ce tout petit enfant que l’on nourrit, parce que l’on est une maman. Ambiguïté des rôles, mystification cocasse, responsabilité de femme, intransigeance et tolérance, sous un crayon rempli d’empathie.

Et puis il y a ce trait, cette capacité de l’espace aussi. C’est de la peinture qu’il s’agit et du sentiment qu’elle inspire au regard. Une caravane est au bord d’un pré. L’air est liquide, la lumière coule comme une eau claire. On pense à ces peintures du nord, ces ciels de faïence, ce moutonnement qui vient au ciel, mélangé de vent et de nuages. Insoutenable légèreté. Quelques instants de répit, dans cette saison du commencement.

Roger Calmé (ZO mag)
Photos : by courtesy Carla Emmink
Facebook : https://www.facebook.com/carla.emmink

Site web : https://www.carlaemmink.nl/
A lire aussi : https://www.gaykrant.nl/2021/06/11/carla-emmink-iedere-kunstenaar-moet-toch-een-keer-het-laatste-avondmaal-maken/

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Expositions :
2017 : Exposition personnelle à la Galerie de Gau, à Vaals (NL).
2018 : Participation à la route des studios d’Utrecht avec exposition personnelle dans notre propre atelier.
2019 : Collective « Europe » avec « les Epouses croyantes »,  Musée de Fundatie en Zwolle (NL).
2019 : Exposition personnelle de 21 œuvres à la Cour de Maastricht (NL).
Décembre 2019 à février 2020 : Exposition personnelle à la Galerie de Gau, Vaals.
2020 – Sélectionné par Jan Moeyaert – Stichting IJsberg (Belgique) pour l’exposition collective: « Oooh – Wonder », Damme (Belgique).
             La peinture « The Pink Stars » sélectionnée pour la liste des finalistes de la Nouvelle Terre. « Partagez votre vision ». Projet du Musée biblique et du Turn Club. www.nieuweaarde.nu
             Exposition personnelle Kunstpodium Voeren (Belgique)
             Exposition collective galerie / musée Bies – Aarle – Rixtel.
2021 : Exposition personnelle Vaals, Gau.
            Zandvoort « Pride on the beach » , collective.
            Participation à Utrechtse Atelierroute.
            Exposition de groupe Pink Art Line Heemstede Town Hall (NL).
2022 : Exposition collective – Galerie de Gau, Vaals. 
            « Expo X », Pride at the Beach, Zandvoort.
2022 Décembre – Janvier 2023 group expo ‘STIL’ Town Hall Heemstede (NL).

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Italie-Monde / Peinture-pensée / Imma Battaglia et Carla Emmink
UNITED COLORS

« … le devoir de représenter la société et non la politique vulgaire, désormais complètement à des années-lumière de la vie des gens et de leurs problèmes quotidiens. Le journaliste oublie même ce que le pape François a demandé, à savoir que la diversité soit accueillie et respectée. (…) Nous ne retournerons jamais dans le ghetto. Ce monde noir et blanc n’existe plus, il est révolu. Merci aux personnes qui ont le courage de regarder un nouveau monde en couleurs. »

Les propos qui suivent ont été tenus par Imma Battaglia, militante de longue date pour les droits des personnes LGBTQ+. Cette femme s’en prend à l’information telle que les chaînes publiques la diffusent aujourd’hui, en Italie. Voilà une déclaration qui convient bien au-delà de ce combat nécessaire. De la même façon, on impose à une partie de ce monde le silence. Tout simplement parce qu’il n’a pas la même couleur, qu’il ne peint pas de la même manière, que ses œuvres ne correspondent pas au marché. Il est possible évidemment d’échapper à ce rejet, en… se soumettant. Acceptez les règles du jeu, les mots qui vont avec, les formats en vigueur. Un genou à terre, la tête baissée, la toile conforme.

Quelques artistes disent non. Ce n’est plus possible. Votre monde n’existe plus.

Photo : © Carla Emmink

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