Togo / Peinture / Adokou K. Zambé / PORTEURS D’HISTOIRE

Les mots ont ce travers qu’ils sont difficiles à prononcer. Selon l’endroit où vous vous trouvez, leur éclairage n’est pas le même. Adokou K. Zambé hésite à prononcer des mots qui seraient d’une valeur éphémère, capricieuse et imprécise. Alors il s’abstient. En s’installant en Italie, il a appris cette forme de discrétion qui nous oblige à regarder avec une grande attention la toile. Et rien que la toile. C’est ici que réside la réponse.

Pour bien voir, il convient de se rapprocher. La proximité est à l’image de l’immersion. Du très grand ou du très petit, nous n’avons pas l’habitude. Il faut des instruments spéciaux, comme les lunettes d’astronomie et les microscopes. Dans la peinture d’Adokou, c’est de prendre en compte cette épaisseur de la matière qui met en lumière le dialogue abouti avec le support, le pigment et le trait écrit qui rend compte de ces agissements. Le travail est progressif, c’est-à-dire qu’il relate les états par lesquels la main et celui qui la dirige sont passés. « Les Martyrs » (2018, sont de cette famille. Ou encore cette représentation du poisson, produite en 2019. Le travail sur papier évoque les peintures rupestres, vieille de dizaines de milliers d’années, conservées au plus profond de cette Terre, qui est notre maison, le lieu de Dieu aussi et de ses autres créatures. Un poisson, le plus mystérieux des animaux, est celui qu’ Adokou K. Zambé a choisi comme porteur de l’Histoire.

Dans cette abstraction lumineuse, la volonté du sens prend le pas. Elle donne au travers de la toile un chemin intelligible.

Dans ce travail sur l’ancien, il est fort possible que l’on croise d’autres créatures. Elles portent au Togo des noms différents d’ici, et il est inutile de prononcer des noms qui sont autant de mystère. Ce qui est important tient à de tissage ininterrompu que la réalité et l’Ailleurs maintiennent. Adokou ne quitte jamais son territoire initial et initiateur. Dans sa toile, sont contenus les pollens et les poussières, l’infiniment petit de la matière et pour ainsi dire son cœur atomique.

En voyageant vers les contrées lointaines, les hommes, peu importe la couleur de leur peau et le son de leur voix, prennent avec eux le fondamental. On dit que les Italiens de la Pouille emportent le blé ancien (épeautre). Adokou K. Zambé a pris la couleur et le sens de la clarté. Dans cette abstraction lumineuse, la volonté du sens prend le pas. Elle donne au travers de la toile un chemin intelligible.

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Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : by courtesy Adokou K. Zambé
Contact : https://www.instagram.com/adokou_zambe/

Repères :
Kokouvi ADOKOU dit Adokou K. Zambé est né à Lomé (Togo) en 1989. En 2011 il quitte son pays natal pour le Mali. Après le Diplôme de Sciences Humaines (2014), il débute ses études au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké Kuoyaté (CAMM-BFK) de Bamako (Mali). Il a obtenu une licence professionnelle d’Arts Plastiques,  puis un Master dans cette même discipline.

Durant cette période, il enseigne à la fois dans des ateliers théoriques et de peinture, de danse, de théâtre et de sérigraphie. A obtenu le prix GIZ Allemand pour la Sensibilisation des Jeunes de Bamako sur la Paix, l’Extrémisme, la Violence et la cohésion sociale.
Adokou K. Zambé est chargé de communication de la FIFAC (Fédération Internationale des Formateurs en Art et Culture) au Togo, et fondateur de la Troupe TACAR-MALI (théâtre, danse et musique). Il réside en Italie.

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