Cameroun / peinture / Moustapha Baidi Oumarou, un tableau… / L’HOMME EN BLANC

Comme un carnet de bord, qui suit les impressions du moment. Il y a quelques jours, Moustapha Baidi Oumarou publie une toile, ancienne de trois ans. Elle figure un homme en blanc et en gris, une silhouette en construction, moitié dessin, moitié peinture. Le travail est à la fois proche et éloigné des toiles habituelles. De grands formats remplis de couleurs crues, des aplats qui affirment volontiers la joie, la légèreté nécessaire. Celle-ci est au contraire d’une gravité inédite. Un homme seul, sur le seuil, dans une attente qui l’oblige.

Ce travail date de 2019. Quelques mois plus tard, Moustapha Baidi habillera de bleu nuit et de rouges apéritifs ces scènes de jardins. Les branchages sont protecteurs et la lune complice. Mais au commencement, rien de semblable et c’est même l’exacte contraire. Il s’agit d’un homme debout, dans le dépouillement des traits, de son costume et de son bagage. Cet homme semble vivre une grande précarité. Aucun signe extérieur ne le dit. Le dépouillement le suggère et l’absence de couleur aussi. Ne dépassent en noir que ses mains et son visage. Ce dernier est parcouru de fleurs, comme un nuage qui passe et porte le regard. L’homme regarde au-delà. Il se peut que ce tableau figure le voyage, la reconstruction d’une vie, la conscience et la dignité.

Il y a quelques jours le peintre camerounais remet donc en première page de son site ce tableau d’une grande gravité. Ce n’était pas un hasard. L’actualité est cruelle qui porte encore l’éclairage sur la situation des migrants. Des déclarations racistes aux crimes policiers, de l’abandon en pleine mer, de la réclusion dans les camps : Moustapha Baidi parle ici. Parce que cet homme est un abandonné, un silencieux, un sacrifié. L’Occident tourne la tête, les gouvernements d’Afrique ne s’en soucient pas, l’homme en blanc n’atteint aucun rivage autre que la misère.

New generations series, Dans le waka 1, technique mixte sur toile, 150x100cm (2019)
RC (ZO mag’)
Photo : by courtesy Moustapha Baidi Oumarou

https://www.facebook.com/moustapha.baidioumarou

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Repères :
Moustapha Baidi Oumarou est né en 1997 à Maroua (Extrême nord du Cameroun).
Après ses études secondaires, il travaille dans un atelier de sérigraphie. Ses premiers personnels datent de cette époque. En 2013, âgé de 17 ans, il obtient le 3ème prix d’arts plastiques du festival Yawalta Maroua.

Expositions (sélection)
2022 : Refuges, French Institute of Yaounde, Yaounde, Cameroun.
            ArtGenève, AFIKARIS Gallery, Genève, Suisse.
2021 : Un monde bleu, AFIKARIS Gallery, Paris, France

Collectives :
2022 : AKAA, AFIKARIS Gallery, Paris, France.
            Classique ! AFIKARIS Gallery, Paris.
            BAD +, AFIKARIS Gallery, Bordeaux, France.
            1-54 New York, AFIKARIS Gallery, New York, USA.
            1-54 Paris, AFIKARIS Gallery, Paris.
2021 : Flower Power, duo show with Evans Mbugua, Out of Africa Gallery, Barcelone, Espagne.
            Save Legacy, Academy of Fine Arts in Douala, Douala, Cameroun.
            Blue stroke, GR Gallery, New York.
            1-54 London, Galerie AFIKARIS, London, GB.
            Quitter la ville, duo show with Omar Mahfoudi, AFIKARIS Gallery, Paris.
2020 : Sumegne / Ngaparou 2, Blachère Foundation, Apt, France.
            1-54 London, Londres (GB).
            Art Paris, Paris.
            Humanism, Out of Africa Gallery, Barcelone.
            Métamorphoses, Emmanuelle Rousse Gallery, Saint-Savin, France.
            WE PAINT HUMANS, AFIKARIS Gallery, Paris.
            Investec Cape Town Art Fair, Cape Town, Afrique du sud.
2019 : AKAA, Paris, France.
            L’Afrique maintenant, Claire Corcia Gallery, Paris.
            Bolo espace art et culture, Douala.
            National Museum of Yaounde, Yaounde.
            Doual’art art fair, Douala, Cameroun.
            Dakar Biennale OFF, Dakar, Sénégal.