Iran / Peinture / Samaneh Atef / CES ENDROITS D’INHUMANITE

Longtemps, Samaneh Atef a vécu une forme très aboutie de la réclusion. Dans certains lieux, la loi est tellement inflexible que la vie s’en retire. Ces endroits d’inhumanité ne laissent aucune autre possibilité que le silence. Personne ne peut en sortir indemne. La peinture de Samaneh Atel traduit depuis son départ d’Iran la blessure que rien ne referme. Son dessin raconte le cauchemar.

Dans tous ses tableaux, la peintre iranienne évoque cette réalité et la folie dont elle accouche. Depuis trois ans qu’elle vit en France, elle cherche à combler l’absence, à mettre des mots et des couleurs sur cet état. Longtemps, elle semblait plonger dans cette chair béante. Noirs insondables et rouges de sang, elle peignait l’absence, la convulsion des suppliciées. C’est un lieu, dit-elle, où les femmes sont des victimes toutes désignées. De pouvoir le dire est en soi une reconquête. Peu à peu, l’apaisement est revenu. La couleur aussi.

Aujourd’hui, Samaneh Atef montre des peintures qui sont « sauvées des eaux », à l’image de ce couple, assis au fond de la mer, porteurs de vie, rattachés par la taille à la croissance d’un arbre. Un couple. Ce sont des signes encourageants. Parce que la situation est toujours dramatique à Téhéran. Des femmes meurent dans les geôles, on condamne des jeunes filles à des années de prison pour le non-port du voile. En septembre 2022, la peintre évoque le cas de cette jeune fille, Masha Amini (22 ans), exécutée dans une cellule et qui a été à l’origine de nombreuses manifestations.

Cette fois, Samaneh Atef prend la parole. Cette fois, elle refuse le silence et la réclusion. Ses toiles reprennent la couleur et la vie. Refuser. Par la toile et par les mots.