Parfois ce sont des robinets d’eau, ou alors des fers de maçonnerie. Ça traînait dans le coin, ça tordait ses petits bras, comme pour dire que ça pouvait encore exister. La sculpture de Mohamed Bomboly Kéita commence souvent de cette façon. Il y a quelques mois, des images le montraient penché sur des carters de voiture. Le carter est une pièce de mécanique invisible, elle est dans le ventre de la voiture, elle contient les liquides essentiels. Mohamed disait qu’il pourrait peut-être… La sculpture est un songe qui a ses pieds sur la terre.
Début février, le jeune sculpteur malien était à Segou et participait à une master class avec Siriki Ly. Cet artiste fondateur dit souvent son dépit de voir la sculpture africaine si solitaire. « 𝘊’𝘦𝘴𝘵 𝘵𝘳𝘦̀𝘴 𝘪𝘮𝘱𝘰𝘳𝘵𝘢𝘯𝘵, 𝘯𝘰𝘯 𝘴𝘦𝘶𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢𝘶 𝘉𝘶𝘳𝘬𝘪𝘯𝘢 𝘍𝘢𝘴𝘰 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘦𝘯 𝘈𝘧𝘳𝘪𝘲𝘶𝘦, 𝘱𝘢𝘳𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘷𝘰𝘺𝘰𝘯𝘴 𝘥𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘦𝘯 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘥𝘦 𝘫𝘦𝘶𝘯𝘦𝘴 𝘧𝘰𝘳𝘮𝘦́𝘴 𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘴𝘤𝘶𝘭𝘱𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘭𝘢 𝘥𝘦́𝘭𝘢𝘪𝘴𝘴𝘦𝘯𝘵, 𝘧𝘢𝘶𝘵𝘦 𝘥𝘦 𝘥𝘦́𝘣𝘰𝘶𝘤𝘩𝘦́𝘴, » remarque-t-il. Le silence est une mauvaise chose qui empêche les mains de faire.
Durant ce travail commun, le jeune a pu poser mille questions sur le feu et la matière. Il en est sorti cette œuvre qui n’avait pas encore de titre (début février). Elle s’apparente à cette série que Mohamed a appelée « N’Domo ». On y voit des hommes qui sont aussi des animaux, des animaux debout, qui dansent et affirment la joie. N’Domo dans la tradition est une société initiatique, par laquelle les jeunes Bambaras vont passer. On leur apprend ici des règles simples et essentielles qui aident à vivre dans la communauté des hommes et des esprits.


Ça traînait dans le coin, ça tordait ses petits bras, comme pour dire que ça pouvait encore exister. La sculpture de Mohamed Bomboly Kéita commence souvent de cette façon.
La sculpture de Mohamed Bomboly Kéita rassemble des objets du quotidien et leur redonne l’esprit du commencement, la volonté de l’être, la puissance utile au fonctionnement du cœur. Ici, c’est une femme qui tient dans son ventre un enfant-animal, assis et curieux. C’est une mère, dont le corps tout entier est ventre et mains, ouvert et tendu, au bord duquel une autre vie est en train d’arrivée. Une femme, un homme, des robinets fondus dans un pot de terre. Le commencement.
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N’Domo vient de remporter le 1er Prix de l’exposition Bi-Mali, 19ème édition du Festival Segou’Art, primé par le ministère de la Culture.
RC / ZO mag’
Photos : © Mohamed Bomboly Kéita
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