Canada-Israël / Dessin-Gravure-Peintures / Daniel Erban / DANS LE PLUS SOMBRE DE LA TOMBE

Non, ce n’est pas un dessin joyeux. Les génocides ne sont pas des moments de joie. Les massacres infinis, la famine, le cauchemar répété n’est pas synonyme de réjouissance. Pour les bourreaux peut-être, mais aucune victime n’y participe. Une partie de la famille de Daniel Erban est morte à Auschwitz. Un train entrait par la porte principale et invitait les victimes à croire dans une possible liberté. Daniel Erban peint la souffrance, l’entassement des corps, dans la putréfaction  et l’absence de toute rémission. Existe-il un Dieu qui prenne en charge cette responsabilité ? Peut-il encore baisser Ses yeux et empêcher les larmes de couler. Si Erban n’a pas connu cette infinie horreur, elle le hante chaque jour de sa vie. Dans ses rêves et dans ses toiles. Une fumée noire les envahit.

« À l’orée du 21e siècle, des expositions comme «Social» stigmatisent différents moments de nos pathologies sociales. Terrorismes, révoltes arabes, violences lors des contestations étudiantes s’exposent en gueules béantes, déflagrations, corps torturés, pillés, déchiquetés. », écrira Hugues Brouillet, en 2015. Depuis qu’il a pu tenir un crayon, Erban, professeur de mathématiques au quotidien, creuse le papier et ses rares toiles, d’un trait qui oblige à voir. A quoi bon le classer ensuite comme un « outsider ». Si Le cri est primitif, il vient aussi d’une région sans mot et sans couleur. Le son qu’il émet révèle le lieu le plus sombre. Au début des années 70, sa peinture et son dessin ont presque rejeté la couleur et l’abstraction. Il juge cette dernière trop sensible à la concession. Erban se concentre alors principalement sur le trait, cette griffure vertigineuse, qui approche la bouche même de l’engrenage. Le laid pas plus que le beau n’ont alors de signification. Plus de 200 expositions suivront. Que cette société, la nôtre et celles qui la suivront, sachent que nous sommes nés de cette horreur.

« Ses œuvres percutantes secouent les tabous et n’hésitent pas à représenter les facettes les plus sombres de notre humanité. »

A l’époque où les galeries françaises prennent conscience de sa valeur, Daniel Erban lutte contre la maladie. On y ajoute alors l’adjectif « longue », qui est synonyme de souffrance et d’engloutissement. En 2015 encore, son fils écrivait : « Ses œuvres percutantes secouent les tabous et n’hésitent pas à représenter les facettes les plus sombres de notre humanité. » L’oubli est impossible. Dans la profondeur de la terre, la souffrance coule encore ses encres sombres.

« Cette mémoire est présente dans chacune de ses gravures et de ses dessins, à la fois par les allusions directes à la Shoa, (…) et par les éléments graphiques qu’il utilise, un trait fragile comme un fil d’encre ou torturé et dur comme du fil de fer et un trait noir épais comme le barreau d’une fenêtre de prison »

RC (ZO mag’)
Photos : by courtesy Claire Corcia et galerie Robert Poulin
https://galerieclairecorcia.com/artistes/daniel-erban/

Repères :
Daniel Erban est né en Israël en 1951. Il a vécu ensuite à Montréal (Canada), où il est décédé en 2017.

Expositions individuelles (sélection) :
2019 : PAPIER19, Foire d’art contemporain (collective), Galerie Robert Poulin (avril) Montréal.
           Galerie Robert Poulin «Premier Cru», Guy Bailey et Daniel Erban» (mars) Montréal.
2018: Outsider Art Fair Paris, Galerie Claire Corcia (collective) Paris, France.
           Galerie Claire Corcia «Tribu 323» (collective) Paris.
2017 : «Daniel Erban, la beauté de la laideur», Maison de la culture Frontenac, Montréal, Canada.
2016 : Usine C «Daniel Erban, Macbeth», Montréal.
            «Total Erban», Galerie Robert Poulin, Montréal.
            «Œuvres choisies», Galerie Lacerte Art Contemporain, Québec, Canada.
2014 : «Légendes erbanes», Espace Robert Poulin, Montréal.
2012 : Espace Robert Poulin, Montréal.
2010 : «Crudités», Espace 6 (galerie Art Mûr), Montréal.
2009 : «Anti-Social and Ugly Visuals»,Galerie Glamort, Montréal.
            «Erban grands formats», Galerie Glamort, Montréal.
2005 : «Rouge dégueulasse», McMaster Museum of Art , Hamilton, Ontario.
2003 :  Musée régional de la Côte Nord, Sept-Îles, Québec.
             «Big bad and ugly», Harcourt House, Edmonton, Alberta, Canada.
             «Dessins de la laideur», Galerie UQO, Université du Québec.
2002 :  «Bloody drawings», Definitely Superior Center, Thunder Bay, Ontario, Canada.
              Artcite Inc, «Drawing as a weapon», Windsor, Ontario, USA.

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