Dans la tradition malienne, les Korédougas appartiennent à une société secrète, chargée d’entretenir des rapports harmonieux entre les vivants et les esprits. Les Korédougas se caractérisent par leur sagesse et en même temps un talent immodéré pour la danse et la dinguerie des accoutrements. Cette folie est salvatrice.
Il semble que cette fois, les Korédougas aient prêté une oreille attentive (!) à la peinture de M. Magassa. Voilà une figuration à haute teneur rayonnante, sarcastique et sans la moindre moquerie, énergique et lucide, qui représente notre monde, dans toute sa discordance. Discordance avez-vous dit ? A l’image de cette brouette où l’homme chemine, poussé par sa compatissante épouse. Le tableau est à l’image de tout son travail. Makassa a la couleur comme d’autres ont la langue : bien pendue.
Cette qualité lui vaut aujourd’hui de recevoir le Norval Sovereign African Art Prize 2023 (NSAAP). La distinction n’est pas anodine. Elle vaut déjà par la qualité des finalistes, parmi lesquels Alioune Diagne (Sénégal), Dimakatso Mathopa (Afrique du sud), Saïd Afifi (Maroc) et bien d’autres encore. A l’origine, le concours avait regroupé 326 artistes venus d’une quinzaine de pays. Lancé en 2021, ce prix a pour but d’aider dans leur cheminement les créateurs du Continent et de la diaspora. Les œuvres sélectionnées (hormis celle du vainqueur) sont mises aux enchères par Sothebys et les sommes réparties également entre les participants. On notera enfin que la fondation soutient de la même manière la création en Asie, au Proche-Orient et en Europe.
Le tableau de Famakan Magassa s’intitule donc la Balade noctambule. Dans cette brouette, un soir d’ivresse, l’homme chante à tue-tête et brandit son verre. Innocent et réjoui, incapable de conduire la mobylette familiale, totalement de traviole, mais fondamentalement heureux. Le jury a apprécié cette façon de voir notre temps et ceux qui l’habitent. Une enveloppe de 500 000 rands (27 000 euros), le soutien pour l’organisation d’une exposition ont été remis au peintre malien… qui a regagné ensuite paisiblement son hôtel, sans le recours du matériel agricole.
Famakan Magassa, La Ballade Noctambule. Acrylic on canvas, 145 x 149 x 3cm.
RC (ZO mag’)
Photo : by courtesy of the artist.
https://www.sovereignartfoundation.com/art-prizes/the-norval-sovereign-african-art-prize/the-norval-sovereign-african-art-prize/
A lire aussi: https://zoes.fr/2020/08/27/mali-nare-famakan-magassa-en-se-levant-du-bon-pied/
zoes.fr 
Laisser un commentaire