Certains moments de nous-mêmes ne sont pas envisageables. Il se peut que nous les refusions. Une réaction de rejet nous saisit. Nous n’avons pas pu faire une chose semblable. Les corps de Willi Hope participent de cette contradiction. Parce que nous sommes impliqués dans cet acte. Il est monstrueusement nous. Et sa peinture traite du conflit, de cette expression de la nausée et du désir, puisque la sexualité est le chemin le plus souvent employé. Des cuisses s’ouvrent, et si le sexe n’apparait pas, la chair tout entière est la monstruosité de cette envie.
Cette schizophrénie occupe tout entier le peintre allemand. Au cœur de son travail, le conflit étale ses matières molles et gluantes. « D’énormes changements en quelques décennies ont apporté une grande instabilité dans la conception de soi et des stéréotypes sexuels. Le changement de climat, les nouvelles guerres dans le monde, l’avenir bouleversent l’aspect social… Mes sentiments à ce sujet occupent une part importante de mon travail », explique-t-il sur son site. Il est étonnant à ce sujet que cette peinture cruelle, d’une morbide lucidité, ne fasse l’objet que de rares éclairages. Les critiques semblent s’en détourner… de la même façon que l’observateur éprouve une répugnance à demeurer devant la toile. Et pourtant ce sont des choses qui arrivent, qui sont à l’état de développement, des faces qui se creusent, et le lendemain au milieu du corps s’ouvrent et suppurent.
Le matin, dans la solitude de l’atelier et l’absence de mobilité qui lui impose un fauteuil roulant, Willi Hope mélange les couleurs. Il associe ce travail mécanique à une sorte de « mise en condition ». « La peinture est un cadeau qui m’a été accordé pour me libérer », reconnait-il. « Ma situation de personne handicapée influence mon travail, à côté des conflits émotionnels et des informations sur l’état de notre monde. » La peinture arrive en même temps que cette excitation à être. Son observation des femmes en porte la marque. Elles sont assises sur le sol et la position est autant celle de l’enfantement que de la défécation. Mais aucune misogynie n’apparaît, parce son intérêt pour les hommes fonctionne à l’identique. Le rapport est sadique et criminel, la violence imprègne chaque centimètre de la toile. Le monde est ainsi fait, semble-t-il dire. Il n’éprouve aucune compassion, il est une chute qui se répète et une fange dans laquelle se vautre l’attente de la reproduction.
A propos de la violence et du sexe : « Je suis d’accord, mais je ne peux pas promettre une amélioration ! Regardez autour de vous! L’art est une sorte de miroir avec de nombreuses couches… Bien sûr, il y a aussi de la beauté dedans. » Willi Hoppe
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RC (ZO mag’)
Photos : © Willi Hoppe
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Repères :
Aka Will Hoppe est en 1956 à Hambourg (Allemagne), vit et travaille à Munich (Allemagne).
De 1986 à 1992, il suit des études de peinture et de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Munich, avec le professeur Helmut Sturm. Il a obtenu un Master en Beaux-arts.
Expositions (sélection) :
2011 : Mayday Mayday, Galerie Casati, Munich (Allemagne).
2010 : Studio exhibition, Munich.
2008 : Contribution au projet artistique « Pie Bible » de M+M (Marc Weis/Martin de Mattia) Munich.
2003 : Exposition Collage e.V. Munich.
2001 : Exposition S.M.H, Orientteppiche, Munich.
1997 : Anima und Animus, Weekend Gallery, Berlin (Allemagne).
1996 : Gut Wachsen, Haus der Kunst, Munich.
Disabled Fair Düsseldorf (Allemagne).
1993 : Dipolar, installation et performance, Saint-Pétersbourg (Russie).
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