RDC / peinture / Francis Mampuya / BLANC OU NOIR, TABLEAUX DE SANG.

Francis Mampuya n’est jamais dupe de la manipulation. Sa peinture est celle d’une profonde lucidité que sa conscience politique nourrit en permanence. Dans une interview (2007) avec Kristin Rogghe, Matthias De Groof et le collectif congolais Mungongo Ya Sika, le peintre évoquait Tervuren (Bruxelles) où sont accumulés des pans entiers de l’histoire congolaise. Tervuren, initié par le roi Léopold II. Ce lieu symbolique du pillage et des massacres, se prolonge-t-il encore ? Les successeurs africains n’ont-ils fait que poursuivre le sacrifice ? Mampuya peint ce désastre et il le fait de la manière la moins académique qui soit.

En 2007, le peintre congolais réalise ce « Dictateur » dont on reconnait aisément la toque de fourrure. Il tend en arrière-plan un fond rouge et placarde au-travers toile les lettres (inversées) que l’on attribue à la conduite d’un peuple. Démocratie et politique apparaissent alors comme des gribouillis illisibles. Mais ils sont de taille considérable, manipulés avec aisance par le pouvoir. Sa représentation peut rappeler ces affiches révolutionnaires où le slogan tient une place centrale, le pouvoir su mot, la critique dialectique.

A cette même époque, le peintre n’a cessé de montrer l’écroulement et la faillite de ce régime dictatorial.  » Un homme couché, une chaise, une bière  » s’inscrit dans cette même veine. Le constat est sans illusion. Cette abstraction est à l’image de celle de Georges Baselitz. Mêmes corps mutilés, mêmes relents d’huile et de sang, dans un équarrissage répété de la chair humaine. Ce sont des tableaux qui épinglent l’histoire congolaise contemporaine, sans oublier d’être peinture, au même titre que Maïakovski était poète à l’époque des soviets.

La galerie Angalia prend cette lecture historique pour sujet de sa prochaine exposition. Le titre en est « Congo : passé composé »… et la présence de Mampuya, de même que celles de Catheris Mondombo et Théo Mwamba alimentent le propos. Comme le dit Mampuya dans son interview : « Tervuren, ça continue ». Il parle des œuvres d’art et de l’exploitation artistique. C’est une affirmation qui vaut pour le reste aussi. De la peinture ou du coltan, dictateurs en action !

Le dictateur, 2007, huile sur toile, 157 x 157 cm
© PCP – Courtesy Angalia et l’artiste.
CONGO / Passé composé, du 4 fév. au 1er avril 2023, galerie Angalia (Paris).
https://galerie-angalia.com/wp-content/uploads/2023/01/angalia_congo-passe-compose_dp_170123.pdf

RC (ZO mag’)

A lire aussi : https://zoes.fr/2022/05/28/rdc-peinture-francis-mampuya-lapres-tervuren/

2 commentaires sur “RDC / peinture / Francis Mampuya / BLANC OU NOIR, TABLEAUX DE SANG.

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