Souvent, la photographie demande un long déplacement. Des heures, des années sont nécessaires pour rejoindre un point, un lieu, des personnes, un sentiment. « Sur La Route De Gafsa » a été prise en décembre 2013. Il pleut, le pare-brise ruisselle d’eau. L’image est en couleur, bleu pâle. Elle a la seule d’une longue série à venir, noirs et blancs, nocturnes, fantomatiques, et dont la plasticienne donne actuellement une idée précise sur son Instagram (sélection sur FB) . Depuis cinq ans, Souad n’est plus retournée à Gafsa.
Son intention est donc multiple. Elle relève à la fois d’une recouvrance personnelle qui concerne des lieux anciennement habités et des sentiments qui étaient les siens. On pense à l’espace immense, devant les murs de Ras el Kef, ou encore ces jardins dans l’obscurité de Redayef. Parfois une silhouette se dessine, un visage, les yeux clos. « 𝘈𝘶 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘮𝘢𝘳𝘤𝘩𝘦 𝘯𝘰𝘤𝘵𝘶𝘳𝘯𝘦 𝘢𝘤𝘤𝘰𝘮𝘱𝘢𝘨𝘯𝘦́𝘦 𝘥𝘦 𝘥𝘦𝘶𝘹 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴, 𝘱𝘩𝘰𝘵𝘰𝘨𝘳𝘢𝘱𝘩𝘦 𝘦𝘵 𝘱𝘢𝘺𝘴𝘢𝘨𝘪𝘴𝘵𝘦, 𝘫’𝘢𝘪 𝘳𝘦𝘵𝘳𝘢𝘷𝘦𝘳𝘴𝘦́ 𝘮𝘢 « 𝘴𝘰𝘭𝘪𝘵𝘶𝘥𝘦 𝘱𝘦𝘶𝘱𝘭𝘦́𝘦 » 𝘦𝘵 𝘭𝘢𝘪𝘴𝘴𝘦́ 𝘥𝘦𝘴 𝘵𝘳𝘢𝘤𝘦𝘴 𝘷𝘪𝘴𝘶𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘮𝘰𝘯 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘢𝘨𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘵𝘦́𝘮𝘰𝘪𝘨𝘯𝘦𝘯𝘵 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘤𝘦𝘳𝘵𝘢𝘪𝘯𝘦 « 𝘦𝘵𝘩𝘯𝘰𝘭𝘰𝘨𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘴𝘰𝘪-𝘮𝘦̂𝘮𝘦 », répond-elle à la question de l’instant.


Mais la quête demeure aussi profondément « contemporaine ». Souad Mani parle encore de l’enjeu politique. Tant de choses se sont passées. A 350 km au sud-ouest de Tunis, Gafsa et Redayef ont porté de multiples mouvements contre la pauvreté (émeutes du pain, 1984). En 2009, les manifestations pacifiques y sont durement réprimées. Elles marquent aussi le début de la Révolution. Ce ne sont pas des figures seulement sentimentales qui apparaissent dans les images de Souad. Ces fantômes, ces visages, ces lieux embués, indiquent un chemin parcouru. Une histoire. Ethnologie.
De dérive en dérive, Gafsa, de Souad Mani.
RC (ZO mag’)
A voir sur : https://www.facebook.com/souad.mani
Instagram: https://instagram.com/souad.mani?igshid=YmMyMTA2M2Y=
تونس / تصوير / سعاد ماني
ماذا حدث
في كثير من الأحيان ، يتطلب التصوير الفوتوغرافي رحلة طويلة. هناك حاجة لساعات وسنوات للوصول إلى نقطة ، ومكان ، وناس ، وشعور. تم الاستيلاء على « سور لا روت دي قفصة » في تشرين الثاني (نوفمبر) 2017. إنها تمطر ، والزجاج الأمامي يقطر بالمياه. الصورة ملونة ، زرقاء شاحبة. لديها السلسلة الوحيدة من سلسلة طويلة من الأسود والأبيض ، ليلي ، شبحي ، والتي تقدم حاليًا فكرة دقيقة عنها على Instagram (الاختيار على الفيسبوك). منذ خمس سنوات لم تعد سعاد إلى قفصة.
ولذلك فإن نيتها متعددة. إنه تعافي شخصي يتعلق بالأماكن التي كانت مأهولة سابقًا والمشاعر التي كانت له. يفكر المرء في المساحة الشاسعة ، أمام أسوار رأس الكاف ، أو حتى هذه الحدائق في ظلام الرديف. في بعض الأحيان تظهر صورة ظلية ، وجه وعينان مغمضتان. «𝘈𝘶 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘮𝘢𝘳𝘤𝘩𝘦 𝘯𝘰𝘤𝘵𝘶𝘳𝘯𝘦 𝘢𝘤𝘤𝘰𝘮𝘱𝘢𝘨𝘯𝘦́𝘦 𝘥𝘦 𝘥𝘦𝘶𝘹 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴، 𝘱𝘩𝘰𝘵𝘰𝘨𝘳𝘢𝘱𝘩𝘦 𝘦𝘵 𝘱𝘢𝘺𝘴𝘢𝘨𝘪𝘴𝘵𝘦، 𝘫’𝘢𝘪 𝘳𝘦𝘵𝘳𝘢𝘷𝘦𝘳𝘴𝘦́ 𝘮𝘢« 𝘴𝘰𝘭𝘪𝘵𝘶𝘥𝘦 𝘱𝘦𝘶𝘱𝘭𝘦́𝘦 » وتركت آثارًا بصرية في ممرتي تشهد على شيء معين « إثنولوجيا النفس »،رد – لها على مسألة اللحظة.
لكن البحث يظل أيضًا « معاصرًا » بعمق. سعاد ماني لا تزال تتحدث عن القضية السياسية. حدثت أشياء كثيرة. 350 كم جنوب غرب تونس ، قادت قفصة والرديف حركات متعددة ضد الفقر (أعمال شغب الخبز ، 1984). في عام 2009 ، تم قمع التظاهرات السلمية هناك بقسوة. كما أنها تمثل بداية الثورة. ليست فقط الشخصيات العاطفية التي تظهر في صور سعاد. هذه الأشباح ، هذه الوجوه ، هذه الأماكن الضبابية ، تشير إلى مسار تم قطعه. حكاية. علم الأعراق.

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De dérive en dérive, Gafsa, de Souad Mani.
Txt: Roger Calmé (ZO mag’)
A voir sur : https://www.facebook.com/souad.mani
Instagram: https://instagram.com/souad.mani?igshid=YmMyMTA2M2Y=
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