L’image a été prise en 1989, au Togo. Ca ne date pas d’hier et d’ailleurs la chose n’a pas la moindre importance parce qu’il s’agit d’un temps qui n’est pas exactement le même. Une chose est certaine, la photographe, Catherine De Clippel s’intéresse depuis les années 80 aux pratiques animistes, et le plus fréquemment en Afrique de l’ouest. Ce qui est le cas de cette image. Et c’est pour elle que nous sommes ici, parce qu’elle est comme l’œil de l’appareil, c’est-à-dire, cet iris mécanique, qui s’ouvre et capte, pendant un millième de seconde, l’éternité d’un sujet.
Quel est l’état d’esprit de cet esprit qui pourrait être Mawu-Lisa, Hevieso, Sakpata, Dan ou Zangbeto ? Les esprits ont des humeurs dans lesquels les humains peuvent avoir des responsabilités et qui les amènent à réaliser diverses cérémonies. A cette question, l’anthropologue pourrait répondre. Il prononcerait un mot comme fertilité, deuil, éloignement, désir…. Mais une fois encore, est-ce bien le sujet de ces images que Catherine De Clippel expose à Mougins (France), jusqu’au début février ? Non ! Ne soyons pas catégorique, mais il se peut que l’image soit aussi une confidence rare à la proximité dont on ne parle jamais. Dans son introduction, l’expo parle d’une anthropologie méfiante des mots, qui se construit peu à peu, en attendant de comprendre. Un millième de seconde, l’esprit fait un signe et l’appareil a son iris mécanique qui se contracte.

Un millième de seconde, l’esprit fait un signe et l’appareil a son iris mécanique qui se contracte.
C’est un instant précieux. Il ne se renouvelle plus. Durant ce temps très court, l’esprit dit et la langue n’est pas connu et l’intention peut nous échapper, mais une chose certaine demeure. Il nous a vus, il nous fait un signe et puis il s’en va dans les herbes hautes de cette savane togolaise. J’entends son pas qui s’éloigne. Il me manque un peu.
Catherine De Clippel : Photographier les vodous. Jusqu’au 5 février 2023, Centre de la photographie de Mougins
www.cpmougins.com
RC (ZO mag’)
Photos C de Clippel
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