Les dieux sont tristes et fatigués. Cette comédie qui est la leur et que les hommes copient, cette machinerie perpétuelle les épuisent. Et c’est ainsi que la couleur s’éteint. Dans son dernier travail photographique, Katerina Dramitinou rend compte de cette mélancolie. Assise dans des temples déserts, face à cette mer nocturne, elle verse un bleu d’encre. Cette teinte particulière, entre chien et loup, n’a plus rien à voir avec les bleus solaires que l’on a l’habitude de voir et qui donne à la Grèce l’allure d’une annonce publicitaire. Rien de tel, et c’est même l’exacte contraire.
Si vous l’interrogez sur le pourquoi de son travail, Katerina hausse les épaules. Le « pourquoi » n’est pas son affaire. Elle peint, elle photographie dans une recherche instinctive de la recouvrance et du signe. Il se peut que son visage et celui de ses proches apparaissent dans un reflet, dans un feuillage, au cours d’une promenade, qui n’est rien d’autre qu’un rêve. « C’est juste moi et la façon dont je communique avec la nature, c’est-à-dire la vie… Rien d’autre. C’est là que je me repose, c’est là que je trouve des réponses., » dit-elle dans une interview. Le mystère est permanent. Il participe du visible (la nature par exemple) et de l’invisible (des formes éphémères, des mots qui traversent l’air). Elle écrit encore : « Les pièces d’un puzzle, toutes mélangées. Partout où je passais, je laissais un œil pour regarder derrière. Et non… Je n’ai pas seulement vu des courbes, des ombres, des branches et des rochers. »


Cette série d’encres nocturnes associe justement la partie palpable à savoir le décor, et l’invisible où l’on peut supposer. Les dieux attristés se penchent au-dessus du vide. Leurs amours, leurs ambitions, leurs colères, tout cela appartient au passé et la nuit les recouvre.
« Eh bien, vous voyez, ce que je fais n’a rien à voir avec des significations cachées. Vous n’avez aucune idée de l’heure à laquelle ils me réveillent (…). Dernièrement, j’ai découvert mon visage parmi les branches d’arbres entrelacées, et Elizabeth, pleine de courbes sur les vitres des voitures ou derrière les rideaux. J’ai trouvé Constantin construit dans les rochers sauvages, son regard partout… » Katerina Dramitinou
Roger Calmé (ZO mag)
Photos : ©Katerina Dramitinou
Contact : https://www.facebook.com/katerina.dramitinou.3
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Repères :
Katerina Dramitinou est née en 1975 à Réthymnon (Crète). Depuis 1987, elle a perfectionné sa technique dans d’importants ateliers. Frixos Theodosakis a été le premier. De 1992 à 1998, elle poursuit ses études de peinture dans l’atelier de Nikos Stefos. Elle a également étudié avec des peintres : Vassilis Dionysopoulos, Nikos Christoforakis, Kyriakos Katzourakis, Marios Spiliopoulos et Giannis Migadis. De manière simultanée et complémentaire, elle pratique aussi la photographie.
Expositions (sélection)
2021: Laszlo Ladany Gallery, Bacónakhegy, Zala, Hongrie.
2019: Art Gallery Illoum, New York, USA.
2017: Erotica Mente, Gênes, Italie.
Poligious issues – internationale tentoonstelling, Gent, Belgique.
2016: Mai 36 Galerie,Zurich, Suisse.
Cosmo GRAPHIES, Rome, Italie.
2015 : WALK OF ART, Galerie Ho, Vienne, Autriche.
2014 : Voynnich project, Pays-Bas.
2013 : AENAON gallery, Athènes.
2012 : Athens Art, Naxos, Grèce.
Athens Art, International Arts Festival, Izmail, Ukraine.
« Artistes et Politique, personnages engagés”, France.
2011 : ART I, House of Civilization, Rethymnon, Crète.
« Art and Psychiatry », Agios Nicolaos, Crète.
« Art and psychiatry », Thessaloniki, Grèce.
World Art In Venice, Venise, Italie.
Athens, Art Odysseia, Crete House of Civilization, Rethymnon, Crète.
« LOSING COUNT / PERDIENDO LA CUENTA », Exposicion de Arte en Ciudad de Mexico, Mexique.
MEDITATIONS_ON_e BOOK, 2011, Athènes.
Athens Art, Corfou, Grèce.
2010 : « And gifts bringing », AENAON gallery, Athènes.
Second Panhellenic Psychiatric Conference, „Art and Psychiatry”, Chania, Crète.
2009 : Dialogues of autumn, AENAON gallery, Athènes.
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