« Par temps clair, il est possible de voir la côte nord-africaine depuis le littoral malaguène, une vue qui ressemble à une vision révolutionnaire. Les horizons, chacun depuis sa rive, nous rappellent qu’au-delà de ces 14 kilomètres d’eaux apparemment calmes, nous pouvons nous voir les uns les autres. » De cette façon, le Centre culturel de Malaga, La Térmica, introduit sa première biennale de photographie africaine. Une façon (on ne peut plus lucide), de mettre l’image dans sa dynamique actuelle qui d’un pluriel magistral. Ozangé, -du nom d’un quartier populaire de Libreville (Gabon)- a été confié pour la partie curatrice à l’artiste gabonaise Owanto. Cette plasticienne travaille depuis trois décennies sur les droits inaliénables de la femme et la défense de son corps. On rappellera pour mémoire sa dernière exposition, Londres (2016), « Flowers ».
La biennale de Malaga affirme donc de vraies ambitions. La lumière en est le fil conducteur et conduit au travers de trois lieux emblématiques de la ville : La Térmica, La Malagueta, l’Alameda Principal. Outre les grandes signatures actuelles, à l’image de Zanele Muholi, Samuel Fosso, Christina de Middel, Hassan Hajjaj, Omar Victor Diop ou encore Phumzile Khanyile, une quarantaine d’artistes sont attendus. Quelques vingt pays seront ainsi représentés, ce qui permettra de mesurer la dynamique actuelle, au-delà des réflexes néocoloniaux, diktats esthétiques et économiques. La partie anglophone et lusophone sera particulièrement remarquée. Signalons en outre une sélection des images les plus fortes montrées à LagosPhoto (Nigéria), qui est le lieu actuel de référence pour l’image africaine et surtout l’accès aux jeunes talents.
L’ouverture et l’itinérance ont donc une valeur particulière qui tend toute l’architecture. Dans son introduction, « Ozangé » l’explique ainsi : « Ce nouveau pont est construit avec des questions nomades qui se croisent, portées par le voyage lui-même. En tant qu’humanité et en tant qu’artistes, nous sommes en constante recherche de sens et nous nous interrogeons sur comment éclairer ce trajet, comment le rendre plus tangible pour qu’il puisse être parcouru avec conviction, sans peur et avec curiosité pour l’inconnu ».
Entre 2023 et 2024, le Círculo de Bellas Artes (Madrid) et le Musée d’art contemporain Adama Toungara (Abidjan) vont à leur tour accueillir les expos. La réflexion devient internationale. La lumière circule librement.
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos DR et La Térmica | Málaga (latermicamalaga.com)
Ozangé, 1ère Biennale de la Photographie Africaine, jusqu’au 29 janvier 2023, Malaga (Espagne).
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