Maroc / peinture / Abdellah el Haitout / PARTOUT AILLEURS

Que reste-il au terme de l’histoire ? De quelle façon, les personnages quittent le champ visuel, et cet espace aussi, cette immensité, quelle teinte prend-elle ? la couleur est dans la question, comme le sentiment dans une vie. C’est une discussion qu’on veut avoir avec Abdellah el Haitout. Il faut regarder ses toiles et se dire que la couleur est partout. Seulement elle demeure discrète, elle est « avant », « à la fin » ou « après ». La couleur chez le peintre marocain est dans le film, dans l’histoire, elle est comme le personnage qui traverse le plan. C’est très bien, un personnage. Par exemple, sur une plage, dans cet endroit qui marque difficilement la limite (ciel, mer, sable, eau…), l’homme qui marche, ou la femme assise ponctuent, remplissent, donnent une hypothèse. Et c’est justement de ça que la couleur parle, de l’hypothèse qui devient ou non une forme, un corps, un verre rempli d’eau, une masse de ciel.

Aujourd’hui, la blancheur d’Abdellah el Haitout (re)commence à se remplir de formes et de choses. Dire  le mot avec respect. Quand on est enfant, le professeur vous éloigne du mot « chose ». Il vous répète : « Soyez précis, cette « chose » a un nom ! » Seulement les choses n’ont pas toujours un nom…. Ou une couleur. A un moment peut-être. Et puis ça change.

« L’inspiration est partout, et l’artiste doit partir de ce qui est local pour le transcender, voyager au-delà et atteindre ce qui est global et universel. » (Salé, 2016)

La peinture d’Abdellah el Haitout a recommencé à inviter des couleurs et des objets. Dans un tableau sans titre, (120 x 120 média mixte sur toile, 2015), il met au milieu un objet qui est peut-être une ampoule. Nue. L’ampoule ne brille d’aucune lumière. Au-dessus, il y a une masse brune, un rectangle de lourdeur, peut-être de la terre qui a été plaquée sur un mur. Le blanc est partout ailleurs, mais…. La menace est plus grande que lui. Toute la peinture peut être dans ce non-dit du sentiment. Les instants sur lesquels il est possible de mettre des mots et ceux qui sont plus inaccessibles, plus impénétrables. Les paysans sont des gens comme ça. Ils mettent en place et c’est ainsi, et aucun mot, ni aucune couleur n’y changera rien. Heureusement, la peinture d’Abdellah a appris une sorte de paix et à ce moment-là, dans la blancheur, la couleur revient.

Elle n’est plus une masse menaçante. Un ciel obtus. Un carré de terre remuée et refermée, sur une colline, dans le froissement des épines et le fracas du feu. Elle est une paix au-dedans. Le temps retrouvé ? Celui d’avant ou d’après ? Ce qui précède et qui s’en suit, sans qu’on puisse y changer quoi que ce soit. Ajouter un mot. Mettre un accent de couleur. C’est inutile, c’est ainsi.

« Je cite Paul Auster et je dis : Vous trouvez la peinture là où vous la travaillez ; c’est l’aventure. J’aime le défi du collage, et les possibilités qui s’ouvrent devant moi, le travail du papier déchiré, froissé ou déchiré et recollé (…). J’essaie d’être le plus simple possible, j’aime ce mouvement sur les surfaces des portes et des murs, et j’aime transmettre ma peinture. L’inspiration est partout, et l’artiste doit partir de ce qui est local pour le transcender, voyager au-delà et atteindre ce qui est global et universel. Comme Naguib Mahfouz, il faut partir de « où je suis ». » Abdellah el Haitout

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Roger Calmé (ZO mag)
Photos : by courtesy © Abdellah el Haitout.

A lire aussi : Maroc / Peinture / Abdellah El Haitout / IL N’Y A AUCUNE FRONTIERE (zoes.fr)

Repères:
Abdellah El Haitout est né en 1971, à Lalla Mimouna . Il vit et travaille à Sala El jadida-Salé.
Il a suivi des études secondaires option Arts plastique (Rabat, 1991). Il est lauréat du centre pédagogique régional de Rabat, section : Arts plastiques.

Expositions individuelles (sélection):
2019 :  » Vibrations « , Kent Gallery, Tanger (Maroc).
2018 :  » Pour l’amour du papier, Institut français de Kenitra (Maroc).
2016 : « Reconstruction des troubles du chaos », galerie Nadar, Casablanca (Maroc).
2013 :  « Homme libre… » galerie Nadar, Casablanca.
     « Ambiguïté et clarté » Mohammed El Fassi, Rabat (Maroc)

Expositions collectives (sélection) :
2020/21 : «the Gift of Art »  Sahar. K. Boluki Art Gallery, Toronto (Canada).

2020/21 : Carte Blanche Fouad Bellamine, «Une nouvelle génération », galerie Abla Ababou, Rabat.
2020 : «Trais Tâche Trace.. », galerie Elbirou – Sousse (Tunisie).
2019/20 : «Osmose» Villa 7 – Rabat.
2019 : salon d’art et d’amitié, Sofitel Marrakech.
2019 : Bait Al Zubair, 2eme Forum international d’art, Mascate (Oman).
2019 : Artistes Arabes Contemporains, Stal gallery, Mascate.
2018/ 19: « More roses », Espace Expressions CDG , Rabat.
2017 : GLOBAL ART PROJECT, Baupres Gallery Mazatlan, Mexico (Mexique).
     Biennale Souad Al-Sabah Kuwait city (Koweit).
2017 : WagenArt, exposition collective à Rabat.
2016 : Ins Blaue-Art Gallery, Remscheid (Allemagne).
     Global Paper Art 2, Gelsenkirchen (Allemagne).
2016 : « Al Maken » Tunis (Tunisie).

source : https://www.facebook.com/abdellah.elhaitout



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