C’est dommage, mais ça viendra une autre fois (je l’espère) : Béatrix Jourdan Meszoly nous dira quelques mots sur ses images. Juste quelques mots. Pour le moment, revenons à l’image, et c’est pas mal, parce que tout commence ici. Ce sont des gosses, des ados, dans une salle de classe. Assis sur le sol, devant un post de téloche qui diffuse la crucifixion. L’image est sur le groupe, ce qui donne au Jésus un côté un peu tordu. Il est vrai que le supplice est particulièrement douloureux. Les photos de Beatrix Meszoly fonctionnent de mille façons. Il y a de la mélancolie dans certaines, des coups de gueule, il y a des filles et des enfants qui rêvent un peu et des ballons crevés au-milieu de la chaussée. Là, ce sont des gamins, curieux, devant un poste qui rediffuse un vieux film et des actualités aussi. L’image vient d’Afrique où elle vit, en attendant qu’un train l’emmène et qu’elle regarde par la fenêtre un paysage, des enfants, des routes, des pylônes abandonnés.
Le hasard fait bien les choses. Il y a une quinzaine, des images de Bakoo Coulibaly sont publiées et le magazine voulait en dire deux mots. En marge, des propos gentils étaient échangés entre eux qui disaient leur respect mutuel. Tous les deux font des images, comme on prend des fleurs sur le bord d’une voie. Dans ce monde qui est très dur, dans cette poussière qui vole et aveugle, les images de Beatrix (Hongroise comme A. Kertész) sont à l’image une nécessaire lucidité. Elles disent la résonnance, l’écho très proche de ce qui se passe. Comme quand on est enfant et qu’on compte le temps entre la lumière de l’éclair et le fracas du tonnerre. Un jour, Beatrix nous dira où passe cette route qui contourne le monde pour mieux entrer à l’intérieur.
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Roger Calmé (ZO mag’)
Contact : (20+) Beatrix Jourdan Meszoly | Facebook
Repères : photographe et graphiste hongroise, Béatrix Jourdan Meszoly est né à Budapest et vit actuellement à Dakar (Sénégal). Elle est diplômée de l’Université Hongroise des Beaux-Arts.
Parmi les nombreuses distinctions que son travail a pu attirer, elle a remporté le concours international de photographie André Kertész(2013), de même que le prix Julia Margaret Cameron, le Black and white Spider awards (2012)
Ses œuvres ont été exposées à Luxembourg, Bruxelles, Londres, Hongrie, Italie, Dakar, Zurich, Argentine, Sénégal, Kuala Lumpur et aux États-Unis.
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