Il ne faut attendre de ce monde aucune rémission. Définitivement naufragé, sa dépouille git sur l’indifférence d’un sable noir. En voyant les noirs sublimes dont Ala Kheir habille ses images, une première tristesse vous étreint. Peut-être son nom vous est-il inconnu. Vous en serez excusé. Les petits monarques, entourés de leurs mignons, les galeries parisiennes, à l’image de Magnin, n’ont aucune curiosité pour l’émerveillement. D’ailleurs leur vocabulaire a effacé ce mot et ils s’agitent dérisoires autour de leurs apéritifs plastiques. Plutôt que de perdre son temps en ces lieux, nous avons rencontré Ala Kheir et sa lumière noire.
Le photographe est soudanais, il est originaire du Darfour et a grandi à Khartoum. Ce sont des lieux chargés de sens et d’histoire. Par-là, il faut comprendre la nécessité vitale d’image et d’empathie. Ala Kheir consacre un grand temps à ce sentiment, l’empathie. Il enseigne l’image, il la fait connaître et aimer à des enfants, dans des quartiers oubliés, dans des lieux privés de galeries et d’apéritifs mondains. Et puis il photographie.
Cette image a été prise à Addis-Ababa précisément. « Il fait partie d’une des dernières œuvres du photographe qui s’attache à fixer ces mutations urbaines. Khartoum a traversé une période économique difficile, et le centre-ville en plein essor ressemble désormais à une ville fantôme. Être à Addis-Abeba lors d’un voyage depuis Khartoum, je vois non seulement des similitudes, mais une continuité. Addis se remet lentement en tant que ville, et des signes d’espoir sont clairs à travers les nombreux échafaudages autour de la ville. » C’est un matin sombre. Une heure précoce encore, dont on ne sait pas la suite. Les échafaudages sont immenses et fragiles. Sur d’autres clichés, des silhouettes parcourent les verticales abyssales. Il faut un grand courage pour travailler sur ces pyramides modernes, il faut avoir la faim dans le ventre et des yeux remplis de clarté et de vie. Ce sont des qualités que le monde ferait bien de réapprendre.
« En général, je me connecte généralement plus au paysage. Que ce soit à l’intérieur d’une ville, à la campagne ou simplement sur la route. Je ne me limite pas à un certain sujet, mais j’avais en tête de me concentrer davantage sur la transition. Khartoum et Addis-Abeba sont des villes très différentes. Mais en même temps, si vous voyagez beaucoup entre deux villes, les différences commencent à se dissoudre d’une manière ou d’une autre. Vous sentez la connexion dans les deux endroits, et c’est ce que j’essayais de représenter. » Ala Kheir
Ala Kheir — Réseau africain de photographie (africanphotographynetwork.org)
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: A Kheir
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Repères :
Ala Kheir (né en 1985) est photographe soudanais. Il a commencé la pratique photographique comme passe-temps alors qu’il terminait un diplôme en génie mécanique en 2005. Une grande partie de son travail concerne les mutations de Karthoum, sa ville natale.
Ala Kheir dirige actuellement TOV (The Other Vision, plate-forme de photographie) où il poursuit ses efforts pour l’éducation, le réseautage et la sensibilisation spécifiquement pour les photographes et le grand public au Soudan, et cela dans la perspective d’un engagement social.
Expositions :
2017 : Revisiter Khartoum, capitales africaines. France .
2016 : Revisiter Khartoum, Dakar Biennale 2016. Sénégal.
2015 : Khartoum 2 Addis, Venise Biennale, Italie.
2014 : Afrique, Grande chance, Milan, Italie.
2012 : Exposition collective Frontières invisibles au festival photo d’Addis-Abeba.
Addis photo festival.
Khartoum (Soudan) (exposition personnelle)
The un-governableس, exposition collective, New York (USA).
2009 : Feel the color, Khartoum, (co-exposition avec Dia Khalil).
2007 : 50+1 Malaisie, Kuala Lumpur (projet de groupe).
zoes.fr 
J’apprends beaucoup en vous lisant et en découvrant toutes ces personnes comme ce photographe, merci beaucoup de partager de si précieuses connaissances, très bonne journée
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