Peu importe le lieu de la rencontre. C’est dans un quartier parisien, super chic, où le mètre-carré des galeries vaut pépète. Aucune importance. En marchant dans cette rue, je tombe en arrêt devant des meubles en métal recyclé. Des tables, des buffets qui ont l’ADN du bidon pétrolier. La nouvelle collection, signée Ousmane Mbaye, et qui se nomme « Soumbedioune », est d’une grande beauté. Je rentre donc et je demande au designer la raison qui fait à ses pièces une semblable ressemblance avec un autre type qui vit au Burkina-Faso. Il me raconte. Ça remonte à une vingtaine d’années.

« 𝘑𝘦 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘢𝘪𝘭𝘭𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘶 𝘚𝘦́𝘯𝘦́𝘨𝘢𝘭 𝘦𝘵 𝘫’𝘢𝘪 𝘵𝘳𝘰𝘶𝘷𝘦́ 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘮𝘢𝘵𝘪𝘦̀𝘳𝘦 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘤𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘧𝘳𝘢𝘯𝘤𝘩𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘮𝘰𝘵𝘪𝘷𝘢𝘯𝘵𝘦. » Ousmane est un homme modeste, qui ne s’encombre pas de rancune. Dans l’atelier, il y avait aussi un débutant très connu aujourd’hui, et dont Ouagadougou parle énormément. Hamed Ouattara avait acquis les techniques d’Ousmane. Il construisait des plats, des tables similaires, frappés de façon identique avec les marques des grands pétroliers. On suppose que l’intention était très écologique. Ousmane Mbaye a conçu ces objets comme des cartographies de la poésie industrielle. Jamais il n’a ressenti de frustration. De son côté, Hamed est un copieur. Il est venu prendre l’idée et il a produit son petit business. La technique diffère, diront certains. Tubes ou simple brasure, l’idée reste identique.
« Il y a des milliers d’artisans au Sénégal. Maintenant, comment amener de nouvelles idées à la nouvelle génération ? »
Je suis une personne qui regrette certains agissements. Plus philosophe, Ousmane s’en fout. Carrément. L’art appartient à tout le monde, dit-il. « 𝘕𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘭𝘪𝘣𝘳𝘦𝘴 𝘥’𝘦𝘯 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘰𝘯𝘴. 𝘓𝘦 𝘮𝘦́𝘵𝘢𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘶𝘯𝘪𝘷𝘦𝘳𝘴𝘦𝘭, 𝘯𝘰𝘯 ? » Peut-être. Hamed Ouattara est aujourd’hui une sommité de la biennale de Ouaga. Il se promène dans des costards nikel. La soudure est parfaite.
« C’était vital d’ouvrir un espace comme ça pour pouvoir montrer aux gens le savoir-faire qui existe ici. Que c’est fabriqué à Dakar et montrer que c’est possible (…) Il y a des milliers d’artisans au Sénégal. Maintenant, comment amener de nouvelles idées à la nouvelle génération ? » 𝘖𝘶𝘴𝘮𝘢𝘯𝘦 𝘔𝘣𝘢𝘺𝘦.
?

Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: O. Mbaye
Ousmane Mbaye design, 19 Rue de Turenne, 75004 Paris.
#OusmaneMbayeDesign
Laisser un commentaire