Mali / photographie /Bakoo Coulibaly / QUE LA VILLE REVIVE, QUE LA MORT MEURT

Il est tellement rare qu’un photographe rende hommage à un(e) confrère-consoeur, tant ce monde est régi par l’envie, la crainte et la jalousie. En regardant les photos de Bakoo Couilbaly, il est impossible de ne pas tomber en arrêt devant celles de Beatrix Jourdan. Pourquoi parler d’elle ? parce que la même tendresse lucide traverse les deux travaux. Beatrix photographie dans des gris plus subtils sans doute, tandis que Bakoo assomme ses clichés de noirs carboniques, annonciateurs du pire. Vous pensiez que le meilleur était à venir. Il va falloir vous en détromper.

Bakoo  a rencontré Beatrix Jourdan quelque part dans cette Afrique urbaine et frappée par la solitude. Leurs propos échangent des mots similaires. Leurs nuits sont sillonnées de projectiles. Les marchés abondent de gestes déçus, de survivances impossibles. Sous ces bâches sombres, plastiques tendus entre des bouts de bois, l’indispensable nourriture. A une époque, Bakoo vendait chaque soir le pétrole, dans son quartier, de porte à porte. De cette économie, il parle, il fixe sur l’image, les visages à demi visibles, les ombres de la vie. Ce n’est certainement pas un hasard si Bakoo Coulibaly a croisé Françoise Huguier et que ce photojournalisme lucide nourrisse chaque centimètre de pellicule.

Bien sûr, certains vont reprocher au « jeune » photographe malien la très grande dureté de ses tirages. Ilford 5 au bas mot, révélateur glacial, contrastes aux limites de l’envisageable. Mais n’en est-il pas ainsi des rues de Bamako ou de Ségou, des lisières mortifères de ce fleuve et de cette cité que les véhicules militaires transpercent en permanence ? Et puis il y a, en contrepoint, les images de son amie, Beatrix Jourdan Meszoly, qui montrent une école vide, baignée d’une lueur rédemptrice. L’école va se remplir, dans quelques jours, les enfants tourneront les pages du livre d’histoire. Dehors la mort pliera ses bagages et s’en ira dans l’étau. Tel est notre désir.

Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : Bakoo Coulibaly
Contact : (20+) Bakoo Coulibaly | Facebook

Repères :
Bakoo Coulibaly est né le 1er avril1992 à Kanassako cercle de Niono (région de Ségou, Mali). Après ses études au lycée, le hasard le pousse vers la photographie par le biais de sa grande sœur. Elle l’a recommandé auprès du photographe « Photo Zou ».

Depuis 2016, il a intégré successivement « Yamarou Photo vestibule de la photographie d’art ». En 2018, il participe à un atelier photo avec un photographe français Philipe Guionie. Cette participation aboutit à une exposition collective à l’Institut français de Bamako. En 2019, c’est un atelier avec la photographe française Francoise Huguier, co-initiatrice des Rencontres de Bamako.

Plus récemment il intègre le groupe «Invisible Borders» et participe encore à la biennale de Bamako.

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