Guinée-USA / Photographie / Hady Barry / CET ENFANT EST LE SIEN

De la même façon que la toile peut être un espace d’interrogation, d’une identique manière, la photo permet ce travail introspectif. L’année 2019, a été une époque éprouvante, explique Hady Barry. Les questions qu’elle se pose sur ses choix à venir, sur sa relation aux autres, sur le sentiment peut-être, l’amènent à interroger l’image comme elle le ferait avec une personne. Ce choix introspectif, poursuit-elle, correspond aussi à un moment où mon amie attendait son deuxième enfant. J’ai pensé qu’il serait intéressant de voir si la photographie pouvait m’aider à gérer mes sentiments sur moi-même, la féminité et le fait d’être mère. »

La maternité pose dans beaucoup de cas des questions très existentielles. Elle fait l’enjeu de nombreuses pressions, familiales, sociales, elle influe sur le couple. De s’engager dans ce projet n’est pas anodin. Jusqu’ici, Hady a vécu de nombreuses autres problématiques, qui peuvent altérer sa conviction de s’engager à son tour dans ce rôle. Elle s’interroge et par l’image, elle suit au quotidien son amie, avant et après cette naissance, avec une très grande attention. Il s’agit à la fois d’un carnet de souvenirs, et Hady porte à cette figuration beaucoup d’importance, et d’un temps curieux. Parce que la question récurrente est là : Suis-je faite pour être maman, en ai-je la possibilité, l’envie et la force ?

Hady Barry, Azi and Kemet, from the series Wearing the Inside Out, 2022. Courtesy the artist.

Le travail qu’elle présente à Abidjan, Villa 76, fonctionne donc de cette façon, à la fois introspective et contemplative. « Cette œuvre est avant tout pour moi », dit-elle. « Mais c’est aussi pour tous ceux qui se sont sentis seuls ou bizarres en se demandant si la parentalité était pour eux. J’ai trouvé que les femmes dans la trentaine sans enfants sont liées à l’anxiété et à l’ambivalence envers la maternité qu’explore cette série. L’ouvrage n’offre pas de réponses ni ne tente d’être didactique. Il donne plutôt un espace à ceux qui s’y engagent pour s’interroger sur leur propre rapport à la parentalité. »

D’être au côté de ses amies, qu’il s’agisse de la maternité, du quotidien, du mariage, lui a suggéré de vivre cette expérience par procuration, en étant au plus près, dans le sentiment et l’empathie. Si elle a dû s’occuper enfant et adolescente, de ses frères et sœurs, par obligation, cette fois elle découvre des gestes librement consentis, débarrassés de l’angoisse et l’incertitude. Ses images respirent cette tendresse nouvelle, elles sont remplies de douceur, dans des tirages qui sont en accord aux personnages, à elle-même, à la lumière.

« C’est un immense privilège d’être accueillie dans la vie d’une jeune fille. Mon but est de leur donner un aperçu de ce que c’est que d’être Aïssatou… Ce que c’est que d’être une jeune fille avec le désir d’apprendre dans un environnement où cela peut être improbable. » Hady Barry (1854/photography)

En attendant Kemet de Hady Barry, jusqu’au 5 novembre, Villa 76 à Abidjan (Côte d’Ivoire).
RC (ZO mag’)
Photos : by courtesy l’artiste et Villa 76

Repères :
Hady Barry est diplômé de l’Université de Georgetown (BS en économie avec un certificat en études africaines, ) et de l’UC Berkeley-Haas (MBA, 20).
Membre de African Women in Photography, de Diversified Photo’s Up Next et de Native Agency.
Elle vit et travaille entre Leesburg (Virginie, États-Unis) et Abidjan (Côte d’Ivoire).
hadybarry.com

Expositions
2022 : « Wearing the inside out », Villa 76, Abidjan. Côte d’Ivoire.
            « Vantage Point Sharjah (VPS) 10 », Sharjah Art Foundation, Sharjah, Émirats arabes unis.
            « Notre ville », AYA Editions et showroom L’R, Grand-Bassam, Côte d’Ivoire.
           « Gynocentrisme », Institut Français de Côte d’Ivoire, Abidjan, Côte d’Ivoire.
2021 : Taylor Wessing Photographic Portrait Prize
             Cromwell Place (organisé par la National Portrait Gallery), Londres, Royaume-Uni.
              « Embracing Stillness » Humble Arts Foundation (en ligne)

A lire : Hady Barry rencontre Aissatou, une jeune femme en quête d’éducation contre toute attente – La photo d’aventure. (photoadventurefrance.com)
British Journal of Photography. 2022 (Zoe Harrison),
hadybarry.com