USA / photographie / Myles Loftin / COULEURS POSSIBLES

A ses débuts de photographe, Myles Loftin regardait son image dans le miroir. Le reflet était comme une tentative d’évasion. Il le dira plus tard : « j’étais incapable d’aller voir les gens et de prendre des photos. Alors j’ai demandé à mon cousin de le faire. » Sur ce cliché, Myles Loftin apparaît dans toute son ambiguïté. Il est un enfant fragile, ses sourcils et ses cheveux teints en blond et il porte une chaînette qui confirme ce que le monde lui interdit d’être. C’est une image à la fois existentielle et revendicative.

En 2020, We Transfer (transfert de fichiers) a fait appel à ce jeune diplômé d’une école de design (Parson School, NY) pour travailler sur les maisons de bal, et la plus emblématique d’entre elles, la légendaire Maison LaBeija de New York. Légendaire ? A la fin des années 80, Crystal LaBeija ouvre ce lieu puissant où il est possible d’être à contre-courant de la matrice sexuée. Une « maison de bal » est un lieu réjoui, tolérant et responsable, où la minorité queer s’invente des alternatives décomplexées. Dans le miroir, il est possible de se regarder sans trembler de peur et d’entamer un dialogue avec des personnes dans des situations comparables. En plus, il y passe de la très bonne zique !

« une archive d’images auxquelles les personnes queer noires peuvent se tourner pour trouver du réconfort ou de l’inspiration. » Myles Loftin

Trente ans ont passé et la Beija tient toujours la même importance, d’être un refuge, un lieu de réflexion, de sentiment et de liberté. D’ailleurs, c’est cet endroit que Myles va documenter dans une photographie de tableaux et de portraits, alternant la couleur et le noir et blanc, dans des parodies et des flashs de vérité. « Mon objectif est d’aller au-delà des façons archaïques dont les médias ont représenté ou exclu des gens, car il est important de se voir représenté avec précision, » explique-t-il en annexe de ce travail pour We Transfer, très largement diffusé, hors les limites du ghetto.

Dans sa thèse d’étude, le photographe affirmait déjà clairement cette intention de créer « une archive d’images auxquelles les personnes queer noires peuvent se tourner pour trouver du réconfort ou de l’inspiration ». Les images sont là, comme des évidences sonores et visuelles d’une existence possible et tranquille.

« Mon objectif est d’aller au-delà des façons archaïques dont les médias ont représenté ou exclu des gens, car il est important de se voir représenté avec précision. » Myles Loftin

Roger Calmé (ZO mag’)
Photos by courtesy: Myles Loftin et We transfer
A lire: https://wepresent.wetransfer.com/stories/myles-loftin-house-of-labeija

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