Tunisie / Plasticienne / Najah Zarbout, un tableau… / LE SONGE D’UNE ÎLE

On se pose des questions sur les songes. De quelle matière sont-ils faits ? d’où viennent-ils et dans quelle direction ils s’en vont ? On en parle parfois comme d’un nuage, dans un ciel complexe qui n’articule pas la lumière de la même façon. Leur provenance est incertaine et leur durée de vie aussi, puisqu’à un moment, nos yeux vont s’ouvrir.

Le travail de Najah Zarbout explore ce mystère qui va du très vaste au plus intime. Ses dessins, ses découpes, la lumière blanche et le fil du scalpel rendent le déplacement et la compréhension possibles. L’histoire commence alors, qui raconte la plongée infinie et l’ascension simultanée. De la même façon qu’elle envisage la mer, dans cette blancheur qui prononce à la fois la fin et le commencement, elle accroche à notre regard le ciel. Il est une sorte de prolongement, ou de reflet, il est au bout de ses doigts, l’immensité qui commence.

Dans son exposition sur la Méditerranée, « Thanaya » (*), la plasticienne tunisienne figurait les vagues d’une façon comparable. D’une extrême précision, chirurgicale, elle racontait la vie et la mort conjuguées. Le rêve est de cette consistance, mouvant et précis, comme le serait un nuage. Najah relate ainsi cette part des choses sans nom, sans heure, sans appartenance, des éléments qui ne font que passer. Entre le rêve et le cauchemar, le ciel comme l’eau, se prêtent au possible. On sait que cette nuée blanche tient la même douceur léthale. On le sait, mais on s’abandonne à ce chant qui endort les marins et les oiseaux. Dans ce tableau qui s’appelle « J’ai rêvé être une île », Najah ne figure aucune terre, mais le regard de celui qui est entouré par les nuages et sent se refermer sur lui cette blancheur insondable. « J’ai rêvé d’être une île » raconte un moment infiniment complexe. Dans une immensité qui n’a ni carte, ni limite, ni temps, nous n’avons que notre main pour en dessiner le rivage. Le songe d’une île.

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« I dream of being an island », de Najah Zarbout, du 16-20 Novembre 2022, Abu Dhabi Art, Galerie A Gorgi.
RC (ZO mag’)
(*) Thanaya, présenté  au FRAC de Corte (Corse), juin 2021.
A lire aussi : Tunisie-France / Exposition / Najah Zarbout /CE QUE LE BLEU DEROBE A L’OMBRE (zoes.fr)

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