Edito 9 / POURQUOI LA PHOTOGRAPHIE ?

Rien que des faits. Il y a quelques jours, la maison d’édition Actes Sud annonce avec fierté les 40 ans de Photo Poche. On peut lire sur le site: « Ses différentes déclinaisons (histoire, société…) couvrent tous les champs de la photographie et constituent une iconographie d’une exceptionnelle richesse et diversité. » Au sommaire de cette collection, « tous les grands noms de l’image », depuis Nicéphore Niepce jusqu’aux contemporains. Et dans cette profusion de titres, on remarque avec stupeur la présence de trois Africains. Ils s’appellent Seydou Keita, Malick Sidibé et Samuel Fosso. C’est tout. Aucun anglophone bien sûr.

Dans les années 80, une grande galerie parisienne a révélé les deux premiers. Et depuis, elle reprend régulièrement les expos qui leur sont consacrées. De la photo contemporaine, en Afrique, il est rarement question à Paris. Pas un mot sur l’Afrique du sud. Le travail de Zanele Muholi n’a fait l’actualité que très récemment. Rien n’est consacré à Phumzile Khanyile, Hugo Pieter, Santu Mofokeng, David Goldblat. ..Pas plus qu’on ne s’intéresse à la photographie ghanéenne, pour ne citer que James Barnor ou Patrick Tagoe Turkson. Pas une ligne sur Aïda Muluneh (Ethiopie) ou Mario Macilau (Mozambique). Quant aux Rencontres d’Arles, lieu référentiel, elles n’invitent que de rares artistes, anciens ou médiatiques, et jamais aucun curateur.

Une maison d’édition aussi prestigieuse qu’Actes sud n’a retenu que trois photographes.

Dans un même temps, pour en revenir à l’actualité, Les Rencontres de Bamako ont récemment annoncé leurs dates. Bamako en est à sa treizième édition. Cette année, le délégué général Cheik Diallo s’est appuyé sur une équipe essentiellement anglophone et désire rendre « un puissant hommage à la différence, au devenir et à la divergence, dans toutes les nuances. » Soixante-quinze créateurs et créatrices, de curateurs, de personnalités liées à l’image et à l’art ont été conviés. Et vous savez autour de quel thème ?

Le changement, la multiplicité et l’évolution. La manifestation reprend à son compte la phrase d’Amadou Hampâté Bâ : Maa ka Maaya ka ca a yere kono : « Les personnes de la personne sont multiples dans la personne ». C’est une phrase pleine de sens qui s’applique à l’art, comme aux personnes et aux états. C’est une invitation à ouvrir les portes, à comprendre la différence, à intégrer cette lumière de l’autre.


D’un côté le catalogue d’Actes sud, de l’autre Bamako.

RC (ZO mag’)à
Photo : Margaret « Sherie » Ngigi, série « The bride » (2019)
Sherie Margaret Ngigi | Facebook
Les Rencontres de Bamako (Mali) auront lieu du 8 décembre 2022 au 3 février 2023.
BIENNALE AFRICAINE DE LA PHOTOGRAPHIE – Rencontres de Bamako (rencontres-bamako.org)

2 commentaires sur “Edito 9 / POURQUOI LA PHOTOGRAPHIE ?

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  1. Vous devriez envoyer votre article à Actes Sud… Par mail, par lettre, par réseaux sociaux,… et vous rapprochez des organisateurs du mois des photographies à Arles pour qu’ils se bougent un peu, beaucoup !!!!! De Bamako !!!! Merci beaucoup pour votre article et tous ces artistes que vous nous faites découvrir. Très bon après-midi

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  2. merci Louise… mais ils n’en ont rien à foutre. C’est de l’institutionnel, c’est comme Arles et la politique, c’est comme le Rwanda… Il y a tellement de choses qui vont ainsi, à quoi bon s’en soucier, disait Mitterrand.

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