Syrie / Photographie-installation-écriture / Reem Yassouf / C’EST UN LIVRE ECRIT DANS L’EPAISSEUR DU GRIS

Par quel bout faut-il le prendre? Par la photographie ou par le texte ? Par l’image dupliquée, ou l’original dessiné? A moins qu’il ne s’agisse de l’installation et qui revient à cette idée première de la couche… Des couches superposées, des strates, une géologie existentielle qui est celle de nos vies.

Le travail de Reem Yassouf est tout entier dans cette biopsie. L’épaisseur du temps, la difficulté de remonter, l’usure qui impose le flou. Au commencement ? Il y a cette photo, qui fait penser à un rocher, quelque chose de minéral posé sur un rivage. Les vagues ont usé la partie supérieure. Le rocher affleure sur un sable gris, qui est aussi le résultat de ce mouvement incessant, produit par le temps. La plasticienne dessine et écrit sur ce thème. Il fait d’ailleurs l’objet d’une thèse en cours d’achèvement à l’Ecole des beaux-arts de Rouen. Cette thèse a motivé l’ensemble, la conjugaison de ces différents médiums (écriture-photos-oeuvre originelle-installation) dont nous voyons l’image et le volume installé.

**Ce que la mémoire renferme, dans l’épaisseur, ce qu’elle oublie et met en lumière, amnésique et partiale**.

Ca s’intitule, « une mémoire de la couleur grise ». Le gris est à prendre dans ce nuancier, sans doute maritime, d’une terre qui s’estompe et d’une mer encore imprécise. Un matin d’hiver. Photographie. Il s’agit donc d’un cube transparent qui se compose de l’écrit et de la photographie, sur des feuilles d’acrylique transparentes. La mémoire est ainsi faite, sur des feuillets qui font un livre (ou le souvenir de celui-ci), dont il manque parfois des pages à cause de cette Histoire, qui est le livre. Par quelle page commencer ?