USA / photographie / Rashod Taylor / LA VIE D’UN ENFANT

Crise sanitaire, meurtres racistes, chômage en brutale augmentation : les années qui viennent de s’écouler ont souligné un peu plus la disparité qui existe dans la société américaine. Quand il débute son travail sur son fils, Rashod Taylor dresse d’abord ce constat. Quelques chiffres pour commencer ? Les conséquences de la pandémie ont frappé en premier les minorités afro-américaines et hispaniques. Parmi les malades hospitalisés, les Noirs étaient 4,5 fois plus nombreux que les Blancs non hispaniques. En mars 2020, 39% des foyers qui gagnaient moins de 40 000 euros (seuil de la pauvreté) avaient perdu leur emploi. Les meurtres de George Floyd et de l’ambulancière noire dans le Kentucky viennent s’ajouter aux données chiffrées. L’Amérique est malade de sa pauvreté, malade de son racisme rampant. Malade à en crever de ses sourires qui masquent le désastre.

En octobre dernier, Rashod Taylor a déjà présenté cette série au Griffin Museum of photography (Maine, USA). Au travers de ce regard intime sur sa famille, et plus précisément ce petit garçon, il vient la question du devenir. C’est une interrogation très simple, posée dans un intérieur américain normal, hors le ghetto et le trafic de crack, mais dans une réalité qui n’en demeure pas moins dangereuse et destructrice. Quel avenir pour toi, mon fils ?

« J’espère juste que les gens regarderont les images et verront un point de vue différent », dit Taylor. « Développer l’empathie mais encore plus que l’empathie… quelque chose qui aidera à mettre en œuvre un changement en eux et leur perception et la façon dont ils regardent (…) le monde de cet enfant. », dit-il aujourd’hui, en préambule de l’exposition qu’il partage avec Zun Lee et Andre Wagner, à la Mosely gallery (Université of Maryland). Des clichés familiaux, dans un noir et blanc apaisé et une subtilité permanente du sentiment. Rashod Taylor opte donc pour ces images qui sont celles d’une absolue normalité et qui rendent le message d’autant plus percutant. Cet enfant qui grandit, cette gravité que l’on lit à certains moments dans son regard, la pelouse automnale de la maison familiale, sont autant d’éléments pour recomposer ce puzzle d’angoisse.

« Ma question est dans le fait de grandir noir en Amérique. Il ne peut pas vivre une enfance insouciante comme il le mérite ; il y a un poids qui vient avec sa noirceur, un poids qu’il n’est pas prêt à supporter. C’est mon travail de supporter ce poids (…), l’injustice, les préjugés et le racisme qui sont imbriqués dans notre société.  » Rashod Taylor

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« Quotidian », du 20 octobre au 17 novembre, par Zun Lee, Rashod Taylor et Andre Wagner. UMES Mosely Gallery, Université of Maryland (USA)
A voir dans The Guardian: https://www.theguardian.com/artanddesign/gallery/2022/sep/28/rashod-taylor-photographs-black-american-boy-in-pictures

A lire dans ZO: https://zoes.fr/2021/09/28/usa-photographie-rashod-taylor-mon-fils/
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: © 2022 Rashod Taylor Photography

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