Le dessin est clair parfois, et le jour suivant, il se couvre de cendres. Le ciel est en terre et le ventre des femmes-arbres grimacent comme la branche du pendu. Samaneh Atef éprouve un grand désir de son pays. L’Iran est à l’image de ce corps qui abrite mille corps. La joie est éphémère, les maisons parfois s’écroulent. Dans les blocs entassés, on retrouve l’innocence et la pauvreté. La mort fait couler ses larmes.
Durant le mois de juillet, la peintre iranienne expose quelques-uns de ses travaux dans une galerie marseillaise (Polysémie). Ils sont anciens et relatent souvent le cauchemar. Chez Claire Corcia, le crayon est lumineux et il arrive en de nombreux endroits que ce soit au matin, dans la fragilité d’un bleu et le vol d’un oiseau ivre. Juste un instant, Samaneh croit en cette joie passagère. Quelques jours plus tard, des dizaines de victimes sont mortes sous des décombres. Elle l’écrit: « Nous voyons vos cris / Mais nous n’avons pas d’yeux / Ici, debout face à face avec moi et les enfants / Mais on ne supporte pas de se lever / Mme Iran / Tes cheveux sont en désordre. »


A tous petits mots, dans cette langue qui n’est pas la sienne, elle parle de cette terre qui lui manque, de son envie de repartir et de l’obligation de demeurer ici, d’être forte et de reconstruire. « C’est obligé, dit-elle, mais en ce moment, mon pays me manque et je suis triste.«
Le dessin est une longue plainte, sous un ciel de couleur. Aux branches de l’arbre, circulent des mots, des murmures. Les langues sont encore à l’intérieur des bouches, et dans la rivière un corps s’enfonce sous un bleu de faïence.
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : ©Samaneh Atef
Contact: https://www.facebook.com/samanehAteff/
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