Méfiez-vous des trop bons élèves. C’est tellement bien écrit, dessiné, tellement puissant, il récite si joliment, malgré son jeune âge. Mais au final… on s’aperçoit que c’est juste un petit malin. La galerie s’en doutait un peu, et elle est coutumière de ce fait. Elle aime montrer des peintres qui vous éblouissent facilement, des peintres destinés à satisfaire le marché.
Aliou Diack est un « très bon élève ». Tableau d’honneur ! Il y a deux ans, nous avons écrit sur lui, parce que ses scènes animalières développaient une puissance peu habituelle. Et puis il y avait ce trait, tellement maîtrisé. Des buffles, des crocodiles, des panthères au milieu du repas. Parfaits. Et c’est ce mot qui aurait dû nous mettre la puce à l’oreille.
La galerie OH sait flairer les bons coups. Elle l’a fait signer et on suppose que la boutique, très au courant de l’international, veut placer son poulain sous le meilleur éclairage. En l’espace de quelques mois, Aliou Diack délaisse la figuration et s’engage dans l’abstraction. C’est un choix difficile pour un peintre, parce qu’il faut tout inventer, articuler le vocabulaire dans une phonétique tellement différente. Et voilà, en quelques mois, Aliou Diack devenu ce qu’il n’a jamais été. De sa peinture narrative, il ne reste rien, de son trait, tout a miraculeusement disparu. Il rejoint le sidéral, il nage un crawl irréprochable dans l’éternité de la matière.
« Les œuvres d’Aliou Diack ont l’odeur du monde : d’une forêt rafraîchie par la pluie en été, du sémaphore qui annonce la nuit. C’est toute l’action de peindre qui en est bouleversée : l’œuvre commence avec la découverte de graines, de feuilles et de racines. » , écrit sa galériste, jeunette futée qui a déjà sa petite idée derrière la tête.
Ce nouveau produit s’approprie l’abstraction comme il adopterait un nouveau vêtement, de saison, waterproof et garanti deux ans. Il ne faut pas chercher très loin l’immense Zao Wou-Ki dont il pille sans scrupule la tentation du vide et l’immensité silencieuse. Personne ne le voit ? Ou personne n’ose le dire ? La même inspiration, les mêmes syllabes, comme le prévoyait Warhol, répétées à l’infini.
Il y a quelques jours, Océane Harati lançait ses invitations pour Basel. Basel est un lieu qui convient idéalement à ce type de simulacre. Murs gris, ambiance industrielle, et une clientèle occidentale qui va apprécier ce jeune Sénégalais, super bien sapé, qui intègre si bien les leçons « occidentales » de l’abstraction. Devant toute la classe, au tableau blanc, Aliou Diack qui récite sa leçon..
Art Basel, du 14 au 19 Juin 2022, Booth M7, Hall 2.1, Bâle (Suisse).
RC (ZO mag’)
Photos DR et galerie OH
Au moins vous, vous le dites !!!! Merci.
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Je pense que l’artiste est un gosse, dans ce cas. la responsabilité (entre guillemets) incombe à la galerie, mais peut-on reprocher… oui j’ai envie (rire). Cette jeune femme est tellement imbue d’elle-même. tant pis! Merci à vous. passez une bonne fin de journée.
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Merci
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