La cellule de dégrisement est un lieu où l’individu est censé reprendre ses esprits. Il se compose de quatre murs et d’une porte verrouillée, dans un local sécurisé. Après quelques heures, son occupant ouvre les yeux et récupère ses lacets et sa ceinture. Parfois un policier lui souhaite une bonne journée et s’abstient de rigoler. « Dégrisement » est le titre de la présente exposition de Younes Baba-Ali, présentée à la galerie Talmart (Paris). Le titre est remarquablement choisi.
Sur l’image de présentation, un christ d’origine africaine est crucifié à l’arrière d’un 4×4. Younes Baba-Ali manipule ainsi des images et les présente à notre société comme des miroirs. Elles ont pour fonction de nous remettre les idées en place. Le moment est très bien choisi, vu l’ampleur du désastre et le nombre de compartiments touchés. Les dysfonctionnements sont légion et le message que les haut-parleurs diffusent (un objet emblématique dans son travail) véhiculent des sons très confus. C’est de cette manière que le naufrage est figuré. Le titre « dégrisement » n’est rien d’autre qu’un signal d’alarme. C’est utile, en ce moment précisément, où la proue s’enfonce dans les flots.


A ce jeu de construction et de plasticage thérapeutique, l’artiste franco-marocain mélange les technologies (vidéo, photographie, son, objets divers…) et les promène dans un caddy (chariot à roulettes, hymne national du consumérisme) au travers des lieux publics. Plus que la galerie, c’est la rue qui l’intéresse, l’espace communautaire où le débat peut s’engager et mener à certaines décisions. Evidemment la dimension politique n’est pas à exclure.
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« Dégrisements », de Younes Baba-Ali, du 11 juin au 9 juillet 2022, galerie Talmart (Paris).
RC (ZO mag’)
Photos: Younes Baba-Ali et by courtesy galerie Talmart.
A voir: https://www.younesbabaali.com/about
Repères:
Younes Baba-Ali est né en 1986 à Oujda (Maroc). Il est diplômé de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg (2008) et de l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence (2011). Il a reçu le prix « Léopold Sédar Senghor », à la Biennale d’Art Contemporain Africain de Dakar (2012) et le prix « Boghossian », lors du Concours d’Art Belge « Art’Contest » à Bruxelles (2014).
Il vit aujourd’hui entre Bruxelles et Casablanca.
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