Mohammad Hossein Ariyaei a rencontré très jeune des démons et des esprits de toutes sortes. Il est d’ailleurs possible que le jeune garçon ait trouvé dans cette compagnie un réconfort aux difficultés de la vie. Sa peinture actuelle véhicule ainsi une partie de son histoire qu’il enrichit de manière très fantaisiste. Les créatures telles qu’il les figurent sont des croisements fantasques. On peut aussi bien y reconnaitre les loas haïtiens, les sorciers du Bakongo, que les réminiscences de l’Ancienne Perse. Et tout ce joyeux monde de se réunir et de porter des toasts à l’Eternité.
En novembre 2022, Claire Corcia avait déjà ouvert sa galerie à cette joyeuse bacchanale. Elle réitère l’invitation avec ce nouveau corpus (inédit) sous le titre ambigu de « Smiling predictor ». Mohammad Hossein Ariyaei poursuit sur le même tempo sa visite des cités orgiaques. La référence babylonienne convient assez bien à cette plongée dans les miasmes colorés de la déchéance. Une figuration saturée, soumise aux radiations les plus diverses, confuse comme le serait la fièvre quelques minutes avant l’écroulement de ce monde.


Dans un texte dithyrambique, Xavier Bureau écrit au sujet du peintre : « (…) De joyeux sorciers à plumes se sont mis à plusieurs pour couvrir la toile ou le papier de figures totémiques parsemées de graffitis les plus ( ?) inattendus. » Le critique en arrive même à refuser de classer l’œuvre, tant le tempérament du peintre lui paraît tout emporter sur son passage. Il en fut ainsi de la dernière cité, au moment de son anéantissement. Il en sera des mondes à venir, touchés par la peste et le sentiment plastifié.
Cette image d’apocalypse traverse en permanence les décors et scènes de l’artiste persan. Avant de vous rendre sur les lieux, jetez un œil à ses « Personnages, 2022 » et engagez la conversation. L’impression est celle d’un petit groupe dans le soleil de la Floride, sous des verres solaires, en proie à des substances psychotropes, tandis que la comète s’approche à toute berzingue. Un peu plus loin, des esprits rigolards embarquent un vieux mort. Les flammes sont permanentes. Les chairs incendiaires brillent comme des enseignes nocturnes, à la gloire de la déesse méthane. Approchez votre briquet. Prête à exploser !
« Ma famille n’était pas une famille d’artistes, ce sont même des gens très simples. Ma mère dit que quand je suis né il y avait beaucoup de neige et qu’elle me donna naissance, en chemin vers l’hôpital, sur la neige. Mon père était marchand de fruits et c’était aussi un joueur, il buvait et était opiomane. » Mohammad Hossein Ariyaei

Smilling predictor, Mohammad Hossein Ariyaei, du 2 juin au 13 juillet, galerie Corcia, Paris.
Mohammad Ariyaei – Galerie Claire Corcia
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: by courtesy galerie Claire Corcia (Paris).
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