La réconciliation est interne ou elle n’est pas. Trop de choses sont dites au fil du temps et nos souvenirs disparaissent sous ces couches successives. Reem Yassouf ne parle jamais d’elle-même. Elle peint et assemble ce que ses mains vont chercher dans l’obscurité. Ça s’appelle vie, ou mémoire, ou distance, ça s’appelle… fragments. Parce que rien n’apparaît d’une seule pièce.
Dans la continuité de ses travaux antérieurs, l’artiste syrienne continue ce travail marqué par la pâleur et la dissolution. Il faut observer avec attention les encres diffuses, les grillages qui font trame. Au travers -et c’est le titre de cette série- passent des silhouettes fantomatiques. Parfois une femme qui dort, ou un enfant dans le jeu, ou simplement la matrice qui est la brume dans laquelle baigne l’objet, l’humain, la scène. La matrice est le temps.
Et l’idée vient que l’œuvre sur le papier est une sorte de scène, d’une estrade sur laquelle la vie déplace ses ombres. A un moment, Reem Yassouf le dit : » Selon le choix de l’angle de vue qui se glisse entre les couches, les images vont apparaître et disparaître, simulant leur existence dans la mémoire. » Un théâtre de papier, dans lequel nous sommes les marionnettes, les fragments passagers et déjà qui disparaissent.
« Ma question est comment établir une nouvelle relation avec les souvenirs, et comment les délivrer de leur cadre segmenté ? » Reem Yassouf
« Traverser », Reem Yassouf, du 7 au 24 juin 2022, Galerie 27 Concept, 27 Rue de Bourgogne, Paris.
RC (ZO mag’)
Photos: by courtesy Galerie 27 Concept.
Contact artiste: https://reemyassouf.com/
et https://www.facebook.com/reemyassoufart