L’objet ordinaire, la chose quotidienne à laquelle personne ne fait attention, le ready-made de Duchamp, la boîte de soupe Campbell, le plastique de couleur ou la feuille de papier qui enveloppe un poisson (multicolore)… Bref tout ce qui nous entoure est un fil conducteur. Raoul Wansi croit en cette vertu innée de la réalité. Et son tee-shirt de peintre en est un bon exemple. Ce vêtement, qu’il a porté au quotidien dans l’atelier, est à l’image de la carrière dont on extrait le marbre… Il garde en « négatif » l’œuvre qui est maintenant sur la toile. Il témoigne de l’intention, du sentiment, et de la difficulté inhérente à conduire cette recherche.
« C’est une pièce que j’ai réalisée en 2016 et qui représente la palette du peintre. Dans l’installation initiale, elle se compose de ce vêtement, d’un couteau et de la surface sur laquelle je mélange les couleurs. La palette ici est à la fois le couvercle du pot et le vêtement. Elle concentre toutes les difficultés du métier et les efforts à fournir. » Wansi sourit, parce qu’il demeure encore une possibilité, un autre débouché.


Sur l’image du vêtement, le peintre camerounais continue de peindre, cette fois de manière digitale. Il ne l’explique pas. Il ne prononce aucun mot. Simplement des traits, des formes criantes, comme des graffitis urbains qui disent aussi que l’œuvre est un organisme vivant, dont la vérité ne s’arrête pas, qui porte en elle de possibles échos. Plusieurs tableaux verront ainsi le jour, instantanés colorés et consécutifs. A l’image de la matière originelle, qui éclabousse ce tee-shirt, la trace digitale peut en appeler une autre. Mutation du médium ? Et du regard que Wansi porte sur son travail et le devenir de celui-ci. Le tee-shirt est à l’image du temps qui recouvre et se découvre, lui-même, un avant et un après, un moment et le souvenir futur de celui-ci.
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Roger Calmé (ZO mag’)
Photo: Raoul Wansi
Contact artiste: https://www.facebook.com/raoul.wansi.7
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