Le déplacement est inscrit dans notre génome. Pour ainsi dire. C’est une fonction initiale, la mobilité. Elle conditionne la conservation, l’évolution, le commerce de la vie, les magouilles les plus sournoises, l’amour aussi, parce que tout n’est pas noir. C’est une façon de parler ! Parce que nous devons partir et trouver un arpent plus tranquille. Parfois, Precy Numbi imagine d’ailleurs qu’il va falloir un jour s’y résoudre. Si cette fichue planète ne suffit pas, on sera bien obligé de mettre le feu aux tuyères. Vroummmm, direction la galaxie. Dans cette perspective, l’artiste dessine d’ailleurs (et construit), des personnages mutants, des intersections mécaniques, robotiques et humaines en partance pour l’Ailleurs.
Par exemple, ce type que vous voyez devant sa caravane. Regardez avec attention. C’est un résident d’un 3ème millénaire, qui souhaite s’en aller. Il y a quelques temps, Hilary Balu avait peint un tableau assez similaire. Ça s’appelait « Voyage vers Mars 9 » (2020). On y voyait un couple black sur le quai du départ, en combinaison de vol pour ainsi dire, un costard spatial africain, avec du plastoc de récup’, avec des choses à jeter, avec des yeux qui disaient que c’était la dernière chance. The last chance, man!
Precy Numbi participe de la même sensibilité. Ses créatures appartiennent bien à notre époque. Ne nous racontons aucune histoire. Ce type devant la caravane, d’une infinie tristesse, cherche à gagner l’Angleterre. Il est bloqué à Calais dans un camp de réfugiés. Il n’est pas tout à fait un robot. S’il quitte son bled, c’est à cause de la mobilité, de la survie, du déplacement nécessaire. Evidemment, on peut toujours raconter d’autres histoires, sur la fermeture obligée, la distanciation, la misère non exportable… Après tout, il n’est qu’un robot et les robots non pas de sentiment ? Attention à ce que vous allez répondre!
RC (ZO mag’)
Photos: Precy Numbi
Contact: https://www.facebook.com/precynumbi
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